Affaire « Coup d’Etat en Guinée – Équatoriale » : le silence diplomatique de Touadéra ne vaut – il pas complicité ?

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Depuis la publication  de l’affaire du coup d’état en Guinée – Equatoriale par les médias et sur les réseaux sociaux, l’opinion publique nationale ne cesse de répandre l’information selon laquelle sinon l’initiative serait partie de Bangui, du moins il y aurait des centrafricains parmi les assaillants dont un certain Dada Yalo, frère- cadet de Sani Yalo, président du conseil d’administration du Barc et l’un des hommes- clé du régime de Boy – Rabé.

 Mais, alors que dans le même temps les Etats dont les ressortissants seraient impliqués dans cette affaire de déstabilisation de la Cémac, auraient immédiatement réagi en dépêchant dans la capitale guinéenne des émissaires, le gouvernement de Sarandji, quant à lui,  se serait étonnement  contenté tout simplement de la publication d’un communiqué laconique et lapidaire. Au rebours de cette diplomatie d’inertie et d’immobilisme avérée, le Tchad a vigoureusement réagi. Voici ce que Tchadconvergence en dit à propos :

 « Le ministre tchadien des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et de la Coopération internationale, Chérif Mahamat Zène a été dépêché ce mercredi à Malabo en Guinée équatoriale. Il était porteur d’un message du Président Idriss Déby à son homologue équato-guinéen, Teodoro Obiang Nguema.

Le Chef de la diplomatie tchadienne a fait ce vendredi 5 janvier un point de presse à N’Djaména pour démentir  l’implication du Tchad dans la tentative de putsch en Guinée équatoriale. N’Djaména a tenu à lever tout équivoque dans la tentative de coup d’État dont s’est dit victime le dictateur équato-guinéen.

Comme on dit « qui se sent morveux, qu’il se mouche », le dictateur tchadien, souvent impliqué dans des affaires de mercenaires envoyés partout en Afrique et au Yémen, a-t-il voulu dire à son collègue équato-guinéen, « cette fois-ci, ce n’est moi » ?

En effet, une soixantaine de « mercenaires » tchadiens, principalement des commerçants, ont été arrêtés ces derniers jours en Guinée équatoriale et détenus à Malabo, à Momgomo, et à Ebebyin.

Assez pour embarrasser le Tchad qui s’est confondu en justification. Le ministre des Affaires étrangères, Mahamat Zene Cherif a déclaré ce vendredi devant la presse que les « mercenaires » arrêtés « devraient être traités comme tels ». Il a tenu à préciser que le « prétendu Général Mahamat Kodo Bani Godi, arrêté au Cameroun, qui serait le cerveau de l’opération, est certes d’origine tchadienne, mais n’a été ni un officier général ni un membre de l’effectif de l’Armée tchadienne ». Pourtant, sur sa page Facebook, Mahamat Kodo Bani Godi se décrit comme Général de brigade et on voit clairement sur la photo de son profil les deux étoiles.

Chérif Mahamat Zène a en outre affirmé que des responsables tchadiens s‘étaient rendus en Guinée équatoriale cette semaine après l’arrestation de leurs concitoyens. Une autre délégation tchadienne s’est également rendue au Cameroun où une quarantaine de suspects de diverses nationalités sont détenus.

Au lendemain de la « tentative de déstabilisation » annoncée par Malabo après l’arrestation d’une trentaine d’hommes armés à sa frontière avec le Cameroun, le chef de l’État équato-guinéen Teodoro Obiang a dénoncé une « guerre » en préparation contre lui, appelant à la « vigilance ».

Et Touadéra et son cher aîné Sarandji de se taire, comme si cette affaire ne revêtait aucun intérêt stratégique pour la République centrafricaine et la sécurité du peuple centrafricain dont ils ont la charge, depuis le retour à l’ordre constitutionnel. Et pourtant, ils auraient du avoir la même réaction diplomatique que leur allié tchadien et auraient pris le devant, parce que l’auteur de ce fameux coup d’état serait un gros poisson de la Séléka, comme l’a souligné RFI, en ces termes : 

« Mahamat Kodo Bani du Tchad, un ancien cadre de la Séléka, coalition qui a renversé le régime de François Bozizé en mars 2013 est cité dans le putsch manqué en Guinée Equatoriale. Information relayée après que le Tchad ait nié l‘implication de son pays dans la déstabilisation d’un Etat de la sous-région.

Décrit comme un personnage embarrassant, Mahamat Kodo Bani est un mercenaire connu pour avoir vendu ses services à beaucoup de groupes armés écumant le Darfour au Soudan, au Tchad et la Centrafrique.

De sources concordantes, ce dernier fiché comme membre de la garde présidentielle du président Idriss Deby Itno, ce qui a été démenti par le ministre des Affaires étrangères tchadiennes sur les ondes de la RFI la semaine dernière.

En 2008, Mahamat Kodo Bani rejoint la rébellion au Darfour et combat dans le rang de l’UFCD, l’Union des forces pour le changement et la démocratie, une force dissidente contre le régime du président Tchadien Idris Déby Itno. Il rejoint  la nébuleuse Séléka, rébellion en Centrafrique depuis 2013 au sein de laquelle il a commis des crimes graves et est pointé du doigt par de nombreuses organisations des droits de l’homme. Mais avec la chute de Djotodia, ce dernier s’est éclipsé et a refait parler de lui lors de putsch manqué en Guinée Équatoriale en fin d’année 2017.

Des centrafricains sont-ils aussi impliqués dans ce coup d’Etat manqué ? Les autorités camerounaises ont affirmé avoir arrêté des Centrafricains, Camerounais et Équato-guinéens parmi ces mercenaires.  Si le chef de la diplomatie tchadienne Mahamat Zene Cherif a bouté en touche l’implication réelle des tchadiens dans ce coup manqué, « si ceux que l’on appelle aujourd’hui des Tchadiens, puisqu’on dit que la plupart sont des tchadiens, il reste à savoir si réellement ils sont des tchadiens ou s’ils sont des ressortissants d’un pays détenteur de pièces d’identité tchadienne » avait-t-il rétorqué.

Des mercenaires centrafricains ? Voilà toute la question qu’on devrait se poser. Les hommes arrêtés sont recrutés par Mahamat Kodo Bani, le cerveau présumé de cette affaire  et un ancien cadre de la Séléka. Ces personnes sont identifiées comme des ex-Séléka ; ses hommes de main.

Les gouvernements des pays auxquels leurs ressortissants ont été pointés du doigt dans cette vaste affaire de coup d’état manqué ont tous réagi et ont dépêché leur membre de gouvernement pour tirer cette affaire au clair, du côté centrafricain aucune réaction officielle n’est jusque-là enregistré et le ministre des Affaires n’est joignable.

Au plus fort de la crise, plusieurs personnes ont évoqué l’embrasement de la sous-région si rien n’est fait. Aujourd’hui, la Guinée équatoriale fait la triste expérience dans un contexte de montée du terrorisme en Afrique de l’Ouest ».

Jusques à quand Touadéra abusera – t – il de la patience de ses électeurs et à qui il est tenu de rendre des comptes tôt ou tard ?

Affaire à suivre….. !

Jean – Paul Naïba

 

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