Affaire « Arriérés de Salaires » : coup d’état du ministère des finances et du budget contre Touadéra

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Il y a quelques jours, sur les ondes de la radio nationale, le président de la République Touadéra, à la fin de la mission de revue du FMI, et fort de l’octroi de l’enveloppe d’un montant de 23 milliards de Francs CFA à la RCA par cette institution,  s’est empressé d’annoncer, en lieu et place du ministre des finances et du budget,  urbi et orbi, en sus de l’apurement des dettes commerciales,  le paiement des deux (2) mois d’arriérés de salaires des mois de novembre et décembre 2013 dus aux fonctionnaires et agents de l’Etat. La mise en exécution de cette heureuse nouvelle tant attendue et tant souhaitée par tous les travailleurs du secteur public, selon son adresse à la nation, devrait s’étaler sur deux (2) mois, à savoir le mois de novembre concomitamment avec le salaire de décembre et celui de décembre au même moment que le salaire de janvier 2018.  Une bonne nouvelle qui a été chaleureusement accueillie par les retraités, les fonctionnaires et agents de l’Etat en activité, et les ayants – droit des  fonctionnaires et agents de l’Etat décédés, depuis lors.

Mais, alors que ces derniers s’attendaient tout naturellement à voir prendre forme  cette promesse sortie de la bouche du chef d’Etat et  rentrer en possession de leurs dus au moment du paiement des salaires de décembre 2017, grande va être leur surprise d’être appelés par un communiqué  du ministère des finances et du budget à se soumettre à un nouveau contrôle au Trésor Public. Evidemment, le salaire du mois de décembre a été payé mais sans celui du mois de novembre 2013 comme l’avait promis le président Touadéra.

Selon les termes dudit communiqué, il leur est expressément demandé de se présenter au Trésor Public muni des mêmes pièces, objet de la précédente mission de contrôle, avant de jouir du bénéfice du salaire du mois de novembre 2013. Une nouvelle qui a jeté subitement de l’émoi, de la tristesse, de la colère et de l’inquiétude dans le camp des fonctionnaires et agents de l’Etat qui avaient déjà fait leurs prévisions de dépenses, conformément à l’annonce solennelle du président Touadéra. Même si certains d’entre eux ont accepté de déférer à cette convocation et si  d’autres ont purement et simplement refusé d’y répondre, une chose est aujourd’hui sûre : c’est un contrôle de trop, une mauvaise publicité pour le régime en place  et un vrai coup d’état contre Touadéra.

En effet, dans tout Etat digne de ce nom, lorsque le président de la République, démocratiquement et massivement élu, comme l’ a été Faustin Archange Touadéra sur la base de la promesse de la politique de rupture, en sa qualité de  chef suprême de toutes les administrations et garant de la défense des intérêts des fonctionnaires et agents de l’Etat, au regard des dispositions de la constitution sur laquelle il a solennellement prêté serment,  prend un tel engagement  se fondant sans aucun doute sur  des informations techniques à lui préalablement fournies par les experts des différents départements ministériels et en l’espèce ceux du ministère des finances et du budget, il ne saurait avoir par la suite une  quelconque remise en cause, sous quelle que forme que soit et pour quels que graves soient les motifs, du contenu de sa promesse, telle que Touadéra  l’ a faite dans son adresse à la nation tout entière.

A ce niveau du débat, son discours ne peut que valoir décret qui ne doit souffrir d’aucune quelconque contestation de la part des différents départements ministériels qui sont tenus de l’exécuter immédiatement ; car cette décision est censée avoir été prise, après une analyse approfondie de leurs propositions techniques en la matière.  Et justement en l’espèce, c’est – à – dire en ce qui concerne le paiement de ces deux (2) mois d’arriérés de salaires, le ministère des finances et du budget a déjà procédé, à travers ses cadres de la direction de la dette, d’une part, et ceux de la direction générale de la comptabilité publique et du trésor, d’autre part,  à un contrôle administratif et physique des fonctionnaires et agents de l’Etat, de ceux qui sont depuis lors admis à faire valoir leurs droits à la retraite et des ayants – droits de ceux qui sont déjà décédés.

Fort de ce qui précède, il est anormal que ces derniers soient soumis à un nouveau contrôle auquel ils se sont déjà assujettis et  portant sur les mêmes pièces. Pourquoi alors avoir diligenté ce nouveau contrôle ? N’est – ce pas sur la base des résultats de ce contrôle que cette enveloppe de 23 milliards de FCFA a été octroyée par le FMI à la RCA ?  Est – ce à dire alors que le précédent contrôle comportait – il des irrégularités et  n’avait – il pas donné tous les résultats escomptés ? Dans ce cas, pourquoi le Trésor Public n’avait – il pas tout simplement pris les dispositions techniques pour faire assujettir à un autre contrôle ceux qui n’avaient pas satisfait aux conditions exigées ? En faisant subir à un nouveau contrôle tout le monde, le Trésor Public n’aurait – il pas fait un acte de légèreté dans la gestion de ce dossier ? Et pourquoi avoir exclu de ce nouveau contrôle tous les fonctionnaires et agents de l’Etat qui sont en provinces ? Le fonctionnaire n’est – il pas régi par le principe d’égale admissibilité de tous devant les charges publiques ? En procédant à un nouveau contrôle, le ministère des finances et du budget, par l’entremise de ses experts du Trésor Public, ne vient – il pas là non seulement de remettre en cause les résultats du travail déjà abattu mais surtout de contester la décision du président de la République ? En agissant de la sorte, n’ont – ils pas tout simplement commis un acte d’insubordination caractérisé et  un acte de rébellion contre l’autorité de l’Etat ? Ce comportement ne frise – t – il pas le refus d’obtempérer à l’ordre du supérieur hiérarchique ? En un mot, ne sont – ils pas  passibles «  de la peine de  mort pour avoir contesté de manière formelle la décision du chef de l’Etat, créé manifestement  de  trouble à l’ordre public  et commis de ce fait un coup d’état contre les institutions légalement et légitimement  établies » ?

Voilà de si pertinentes  questions que ne cessent de se poser des fonctionnaires et agents de l’Etat, des retraités et des ayants – droit des fonctionnaires et agents de l’Etat décédés, depuis  la publication de ce fameux communiqué et le paiement non pas de deux (2) mois de salaires mais d’un seul (1) mois. Il appartient à ceux qui  se reconnaissent derrière la gestion de ce dossier hautement sensible tant en amont qu’en aval  d’y répondre dans les meilleurs délais.

Mais, d’ores et déjà, pour les experts budgétaires et les observateurs avertis de la vie politique de ce pays, ce nouveau contrôle est non seulement un contrôle de trop, mais surtout un acte de remise en cause de la décision du président de la République et de rébellion contre la déclaration du chef d’Etat. Un contrôle auquel se sont déjà assujettis les fonctionnaires et agents de l’Etat. De l’avis des uns et des autres, ce contrôle qui est un contrôle de trop ne serait que l’expression visible d’une certaine diversion et d’un manque total de respect à l’endroit de ces hommes et de ces femmes qui portent sur leurs  épaules la fonction publique et qui, responsables de famille, ayant des charges à supporter mensuellement et ployant sous le poids des dettes à  usures, ne demandent pas de l’aumône mais plutôt le paiement de leur droit, celui des différentes prestations fournies par eux à l’Etat depuis des années, afin de célébrer dignement les fêtes de fin d’année.  Ils ne méritent pas ce nouveau contrôle sous le chaud soleil, comme le témoignent les images  qui circulent sur les réseaux sociaux, entassés dans un rang comme des sardines dans une boite de conserves et dont la plupart ont été victimes de tensions artérielles et évacués d’urgence à l’hôpital.  Un contrôle de trop qui signifie tout simplement pour eux que Touadéra se joue d’eux et qu’il ne dispose pas encore des fonds pouvant couvrir cette dépense. Quelle si mauvaise publicité pour lui et son régime !

Au- delà de ces mots de mécontentement et de colère, Touadéra doit apprendre à écouter son peuple, à comprendre ses douleurs et à y donner une suite. Un certain Jean – Bedel Bokassa aurait déjà réagi, sévi et relevé de leurs fonctions tous  ces experts du ministère des finances et du budget, incompétents, incapables de donner forme à sa décision, et donc réfractaires et rebelles à sa politique sociale et surtout à son pouvoir. Un Bokassa aurait déjà sur les antennes de la radio nationale montré et livré à la vindicte populaire ces fauteurs de troubles.  Il leur aurait déjà fait, au moment où nous mettons sous presse cet article, voir de toutes les couleurs pour avoir remis en cause sa décision et fait une mauvaise publicité en son nom et contre son fauteuil. Mais Touadéra n’est pas et ne sera jamais Un Bokassa. Et donc n’étant pas Un Bokassa, il ne peut pas et ne pourra jamais comprendre que ces agents du Trésor en veulent à son pouvoir, font de la mauvaise publicité en son nom et viennent de commettre en mettant en place un nouveau contrôle, un coup d’état anti-constitutionnel contre lui et son pouvoir. Ou bien ils maîtrisent leur boulot et il n’y a pas de raison pour eux de remettre en cause sa décision ; ou bien ils sont incompétents et il n’y a pas de raison pour lui de les maintenir dans leurs douillets fauteuils.

A lui de les faire sauter de leurs fauteuils douillets dans lesquels ils sont confortablement  assis avant qu’ils ne le sautassent !

A lui qui a été élu par tout un peuple et qui doit lui rendre des comptes et à lui que les fonctionnaires et agents de l’Etat font porter aujourd’hui tout le fardeau de ces tracasseries d’un nouveau contrôle, de prendre hic et nunc toutes ses responsabilités en suspendant ce nouveau contrôle avant la tenue de l’assemblée générale du GSTC du 3 janvier 2018 !

Affaire à suivre….. !

Jean – Paul Naïba

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