
Avec pour objectif de renforcer la légitimité contestée des militaires français déployés sur place et mobiliser les alliés européens.
« Relégitimiser » la présence française
A Pau lundi, Paris veut avant tout obtenir une déclaration commune des cinq pays qui soulignera que la France agit à la demande de ses dirigeants afin de « relégitimiser » sa présence,, explique l’Elysée, qui dénonce un « narratif anti-français ».
« Il faut tout d’abord obtenir des responsables politiques une position nette sur ce qu’ils souhaitent ou pas », a tranché la ministre des Armées Florence Parly samedi.
« La rencontre sera décisive, en ce qu’elle permettra de mettre sur la table toutes les questions, tous les griefs, toutes les solutions », avait jugé le président malien Ibrahim Boubacar Keïta début janvier.
Le président nigérien Mahamadou Issoufou entend ainsi lancer à Pau « un appel à la solidarité internationale » pour que le Sahel et la France ne soient pas seuls dans ce combat contre le « fléau » jihadiste, a-t-il déclaré.
La France est par ailleurs en train de mettre sur pied une opération baptisée « Tacouba », réunissant des forces spéciales d’une dizaine de pays européens.
Paris espère que le sommet de Pau convaincra des Européens favorables à la lutte contre les jihadistes dans cette région menacée mais inquiets de voir la France critiquée sur place et sans bénéfice politique de son intervention.
Autre inquiétude, les hésitations des Américains, dont l’appui militaire dans la région est irremplaçable, explique l’Elysée. Car depuis l’attaque d’Inates, le sang a encore coulé dans cette zone sahélienne semi-désertique, devenue depuis 2012 le terrain d’action de plusieurs groupes jihadistes, pour certains affiliés à Al-Qaïda ou à l’État islamique.
Situation « alarmante »
77 terroristes et 89 militaires ont été tués jeudi à Chinédogar, aux confins du Niger et du Mali. Et à la veille de Noël, le Burkina Faso subissait son attaque la plus meurtrière: sept militaires et 35 civils étaient tués à Arbinda.
Des attaques de plus en plus audacieuses face auxquelles la force conjointe du G5 Sahel, lancée en 2017, semble impuissante. Les armées sont disparates, souvent sous-équipées et mal formées, et les promesses de financement de la communauté internationale tardent à se matérialiser. Seuls 300 millions de dollars sur les 400 promis ont été apportés l’an dernier, selon la présidence française.
La France, qui avait réussi à juguler une offensive dans le nord du Mali en 2013, ne parvient pas à empêcher l’extension du conflit. Même si les Français ont multiplié les contre-offensives ces dernières semaines. Des « succès » militaires qui ne se voient pas assez, regrette l’Elysée.
Pour Antonio Guterres, la détérioration de la situation sécuritaire au Mali et dans la région du Sahel est « alarmante ». « Les groupes terroristes gagnent du terrain », avertissait-il début janvier. Selon l’ONU, plus de 4.000 personnes ont été tuées dans des attaques terroristes en 2019 au Burkina Faso, au Mali et au Niger. Le nombre des déplacés a été multiplié par 10, approchant le million.
ANI AVEC AFP