
L’UA a d’autant plus échoué qu’elle est incapable de faire appliquer sa propre Charte
On a l’impression qu’ils n’ont aucun idéal pour le continent. On est d’autant plus porté à le croire que l’UA se montre incapable aujourd’hui de résoudre les crises qui minent le continent. En effet, si le brasier malien est devenu incandescent au point que ses flammes ont dévoré les Etats du Sahel et même au-delà, c’est parce que l’UA aura été incapable de stopper le projet machiavélique d’une coalition d’Etats occidentaux qui ont mis la Libye sens dessus-dessous à travers l’élimination physique de son guide, Mouammar Kadhafi. L’UA a d’autant plus échoué qu’elle est incapable de faire appliquer sa propre Charte sur la bonne gouvernance et la démocratie. Tant et si bien que l’on assiste à l’émergence de troisièmes mandats avec leurs corollaires de morts et de blessés dans certains pays. Si le pouvoir kaki semble signer son retour dans le palais à travers les coups d’Etat enregistrés au Mali, en Guinée et au Burkina, c’est dû aussi à la faillite de l’UA. C’est à se demander si le mot prévention existe encore dans le dictionnaire de l’organisation continentale. Il est inadmissible que plus de la moitié des Etats africains soient en proie à des crises multiformes, malgré l’existence d’organes spécialisés au sein de l’UA. En soixante ans d’existence, l’UA aura fait la preuve qu’elle n’est pas à la hauteur des défis de la gouvernance. La refondation de cette institution est nécessaire car il y va de l’avenir du continent noir. Comme le dit l’adage, « l’union fait la force ». Mais tout porte à croire que l’UA rame bien souvent à contre-courant de cet idéal. Récemment encore, le Burkina, le Mali et la Guinée ont tous été sanctionnés après qu’ils ont manifesté leur désir d’aller à un fédéralisme souple. Fallait-il en arriver là ? Cela dit, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Car, en dépit de tout ce que l’on peut reprocher à l’UA, elle reste et demeure un cadre d’expression et de pression, le seul cadre légal pour le continent noir pour faire entendre sa voix dans le concert des nations.
Dabadi ZOUMBARA