73ème ASSEMBLEE ANNUELLE DE L’OMS SUR FOND DE COVID-19

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Attendees in the hall at the opening session of the Executive Board Meeting of the World Health Organisation, the UN's health body, at the organisation's headquarters in Geneva. The annual event is taking place in the shadow of the Corona virus outbreak, which the WHO has declared as global health emergency. *** Local Caption *** europe meetings international organisations health crowds politics

L’institution entre l’enclume de la Chine et le marteau des Etats-Unis

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) est-elle à la croisée des chemins ? C’est la question que l’on peut se poser, à la faveur de sa 73e assemblée annuelle ouverte le 18 mai 2020, pour deux jours et par visioconférence, dans la tempête du coronavirus où l’institution sanitaire mondiale fait de plus en plus l’objet de vives critiques de la part de pays membres. Ainsi en est-il des récriminations du président malgache, Andry Rajoelina, contre l’OMS qui rechigne à donner son quitus à son remède à base de tisane contre le Covid-19 alors même que le Covid-Organics, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a, dit-il, fait ses preuves sur la Grande Ile. De même, en va-t-il de la fatwa des autorités burundaises qui ont traduit leurs griefs contre l’institution internationale par des expulsions d’experts accusés d’ingérence dans la gestion de la pandémie. Jamais auparavant, l’institution dirigée par l’Ethiopien Tedros Adhanon Ghebreyesus, n’avait essuyé autant de reproches qui frisent même, par moments, la défiance, sur des questions de santé publique.

L’OMS qui est aujourd’hui sur la sellette, traverse une bien mauvaise passe

Si l’on ajoute à cela la crise de confiance entre elle et le président américain, Donald Trump, qui est allé jusqu’à suspendre la contribution des Etats-Unis au financement de l’institution sanitaire mondiale, on n’a pas besoin d’être grand clerc pour savoir que l’OMS qui est aujourd’hui sur la sellette, traverse une bien mauvaise passe. Prise qu’elle est entre l’enclume de la Chine et le marteau des Etats-Unis, deux pays qui se disputent aujourd’hui le leadership mondial, à bien des niveaux : commercial, politique, technologique, etc. C’est pourquoi il faut craindre que cette réunion annuelle qui se tient d’ordinaire entre experts de la santé, loin des regards indiscrets de profanes et surtout des tapages médiatiques, ne s’attarde sur des thématiques qui occulteraient les sujets de fond sur les traitements et les vaccins contre la pandémie de l’heure. En effet, le président américain accuse l’OMS non seulement de mauvaise gestion de la pandémie pour avoir sous-estimé l’épidémie dont la comptabilité macabre n’est pas prête à s’arrêter de sitôt, mais aussi de mansuétude à l’égard de la Chine d’où est parti le virus mortel, qu’il accuse de dissimulation d’informations sur la transmission et la mortalité du virus. C’est à peine si le milliardaire républicain n’accuse pas l’OMS de collusion avec la Chine, en ne déclarant pas tôt l’urgence internationale de la maladie. Aujourd’hui, c’est donc un changement radical que Trump veut dans le fonctionnement de l’institution, au moment où la Chine semble vouloir profiter du retrait des Etats-Unis pour étendre son influence. En attestent les deux milliards de dollars qu’elle promet de débloquer sur deux ans, dans la lutte contre le Covid-19 et qui devraient grandement profiter à l’Afrique. C’est dire s’il y a des raisons de croire que l’OMS vit aujourd’hui, les répliques telluriques de la guerre froide entre l’aigle américain et le dragon chinois. La question est de savoir quelles répercussions cela aura sur l’agence onusienne dont le patron est particulièrement dans le collimateur des Américains, pour ses supposés ou réels penchants pour l’Empire du milieu.

Il est temps que Donald Trump arrête de chercher partout des boucs émissaires

Dès lors, on se demande si la tête de ce dernier ne sera pas mise à prix par l’Oncle Sam ou s’il ne sera pas emporté par la bourrasque du Covid-19.  Cela dit, on peut comprendre l’amertume du président américain dont le pays revendique ni plus ni moins la première place mondiale, alors qu’il est paradoxalement le plus endeuillé de la planète dans cette crise du Covid-19, avec plus de 80 000 morts sur plus d’un million et demi de cas confirmés. Si ce n’est pas un échec de la politique sanitaire de ses dirigeants, cela y ressemble fort. C’est pourquoi il est temps que Donald Trump arrête de chercher partout des boucs émissaires et assume sa part de responsabilités dans la crise sanitaire qui frappe aussi durement son pays. Cela dit, l’on assiste à une guerre de leadership entre Washington et Pékin, qui se joue autour de l’agence onusienne de santé publique qui n’est pas loin d’être l’otage des grandes puissances. Saura-t-elle garder son indépendance vis-à-vis du politique et toute sa crédibilité ? Là est la véritable question.  En tout état de cause, il revient à l’OMS de travailler à rassurer ses partenaires. Mais cette sourde rivalité entre Chinois et Américains aux allures de guerre de titans, ne doit pas éluder la question fondamentale de la thérapie du Covid-19, à savoir trouver le remède efficace qui va délivrer le monde. Car, pendant ce temps, le virus à couronne continue son action déstabilisatrice à travers la planète qui continue de compter ses morts, sans que l’on ne sache encore précisément à quel médicament encore moins à quel vaccin se fier. Pour combien de temps encore ?

«  Le Pays »

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