20 ans après, Norbert Zongo mort, mais pas enterré

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Qui de nous n’a pas pleuré le 13 décembre 1998, au moment où le peuple apprenait l’assassinat crapuleux du journaliste d’investigation Norbert Zongo? Ce jour-là, nos corps transpiraient, inondés de sueur, les habits complètement mouillés. Le stress et l’angoisse atteignaient leur paroxysme et nous plongeaient dans un état d’épuisement, les battements du cœur s’accéléraient et augmentaient d’intensité. Ces émotions nous poursuivent encore et ne nous quitteront jamais.

Norbert Zongo: 20 ans après, il ne doit pas être mort pour rien. Nous ne devons pas l’enterrer. Chaque Burkinabè devrait poursuivre le combat qu’il a mené.

A chaque anniversaire depuis 20 ans, le film retraçant l’événement tragique de la boucherie de Sapouy envahit nos mémoires. C’est un moment inoubliable et interminable comme celui que nous allons rééditer demain. Les héros ne meurent pas, ne meurent jamais, ils sont éternels de par les actes de bravoure qu’ils ont inscrits dans l’histoire. Comme la vérité, ils sont têtus, ils finissent par vaincre le mensonge.

Vingt ans après la disparition de ce journaliste-héros, Norbert Zongo et ses compagnons ne se retourneront pas dans leur tombe. Non seulement les Burkinabè continuent de réclamer justice pour eux, mais l’espoir de voir comparaître les présumés cerveaux de cet acte ignoble devant la justice renaît: la possible extradition de François Compaoré au Burkina en est la preuve. Rien n’est encore définitivement acquis. Mais l’espoir d’une manifestation de la vérité grossit tous les jours comme une pâte de farine avec de la levure.

Comme de la magie enfuie dans la terre, la justice est en train de germer pour Norbert Zongo qui refusa de sombrer dans le moindre système. Il a résisté au chantage, à la corruption, à la compromission, aux menaces, jusqu’au péril sa vie.

Durant 20 ans, des menteurs ont voulu dissimuler la vérité connue, indiscutable, voire invincible. Dans un langage qui dit sans dire, ils nous ont dit ce qui est faux en sachant que c’est faux, dans l’intention de tromper, afin d’en tirer un avantage. Mais la vérité est comme le soleil. Elle a beau être couverte par les nuages sombres, elle finit par apparaître et faire ses effets. C’est pourquoi rien ne devrait freiner le noble combat, celui de Norbert Zongo que chaque Burkinabè a l’intention de poursuivre et qui se résume à dire que «deux et deux font quatre». Car c’est la première des libertés, selon George Orwell. Cette vérité ne doit jamais mourir comme les vrais héros ne meurent jamais.

Les Echos du Faso

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