
Il n’y a pas de temps à s’attarder sur les victoires sur l’ennemi
C’était par une attaque à l’engin piégé sur ce même axe, qui avait fait une quarantaine de morts parmi les civils d’un autre convoi sécurisé. De quoi entamer fortement l’optimisme des Burkinabè qui veulent pourtant croire aux déclarations de leurs autorités qui ne cessent de seriner la montée en puissance de leur armée. C’est dire si cette nouvelle action d’éclat des terroristes en moins d’un mois sur le même axe routier, en plus des attaques sporadiques dans d’autres contrées du pays, n’est pas loin de porter un coup au moral des Burkinabè. Eux qui étaient pourtant revigorés par l’annonce de nouvelles acquisitions en drones et autres hélicoptères de combat censés venir renforcer les capacités opérationnelles de l’armée et contribuer, de façon décisive, à faire changer définitivement la peur de camp. C’est dire si au-delà des efforts du gouvernement et de nos forces combattantes, il y a encore d’énormes sacrifices à consentir pour espérer voir le soleil de la libération du joug des terroristes, se lever sur le pays des Hommes intègres. C’est dire aussi si dans ce combat sans merci où les adversaires se rendent coups pour coups, il n’y a pas de temps, pour nos forces de défense et de sécurité, à s’attarder sur les victoires sur l’ennemi même s’il faut savoir les savourer. Mais plutôt à faire preuve d’une vigilance accrue de tous les instants pour ne pas payer au prix fort, la moindre inattention.
Ce ne serait pas un luxe si la coopération entre la France et la Côte d’Ivoire permettait de sécuriser le front Sud du pays des Hommes intègres
D’où la nécessité de toujours garder l’arme au pied. D’autant qu’en plus de prouver qu’avec ces malfaiteurs des temps modernes on n’est jamais assez prudent, cette nouvelle attaque menée par des terroristes venus « en nombre important et opérant à pied et à moto », se présente comme le signe que ces mauvais garnements du Sahel gardent intacte leur capacité de nuisance, et apparaît aussi comme la preuve matérielle de certaines insuffisances à corriger impérativement dans notre système sécuritaire en général, et dans la sécurisation des convois en particulier. Autrement, tant que l’ennemi trouvera des failles dans notre dispositif sécuritaire, il continuera à nous faire mal. Même si c’est par des actions d’éclat qui visent à masquer les difficultés qu’ils éprouvent sur le terrain face aux Forces de défense et de sécurité. Toujours est-il que dans cette guerre à plusieurs facettes, il faut avoir plusieurs cordes à son arc. C’est sans doute à cet impératif que répond la visite du ministre français de l’intérieur, Gérald Darmanin, le 26 septembre dernier à Abidjan, dans le cadre du renforcement de la coopération de son pays avec la Côte d’Ivoire, pour répondre au défi sécuritaire auquel sont confrontés l’ensemble des pays de la sous-région ouest-africaine. Au-delà du pays d’Houphouët Boigny, l’intérêt d’une telle visite dans ce contexte généralisé de la lutte contre le terrorisme dans ladite sous-région, pourrait se situer dans l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme qu’abrite la Côte d’Ivoire et qui suscite l’intérêt du Monsieur sécurité de l’Elysée. Les retombées pourraient être importantes pour la sous-région en termes de formation pour nos troupes engagées dans le combat contre l’hydre terroriste. En tout état de cause, pour un pays comme le Burkina, qui est attaqué de toutes parts, ce ne serait pas un luxe si la coopération entre la France et la Côte d’Ivoire permettait de sécuriser le Nord de ce pays voisin qui constitue aussi le front Sud du pays des Hommes intègres. Ce serait déjà cela de gagné d’autant que ces deux pays ouest-africains sont aussi engagés dans un combat commun contre les forces du mal. Reste maintenant à pouvoir inscrire l’ensemble de la lutte dans une synergie d’actions à l’échelle régionale, pour se donner de meilleures chances de venir à bout de la pieuvre tentaculaire qui ne connaît pas de frontières.
« Le Pays »