
Le juge militaire a une double responsabilité devant l’histoire
En effet, le suspect n°1, en l’occurrence Jean-Pierre Amougou Belinga, n’est pas « n’importe qui ». Et beaucoup de ses complices parmi lesquels, des hommes en uniforme, aussi. Par leurs réseaux dans les sphères politico-judiciaires et économiques, les suspects ont tous les moyens d’orienter le juge selon la boussole de leurs intérêts. Rien n’est à exclure, en tout cas. C’est pourquoi l’on est en droit de se poser certaines questions : le juge militaire a-t-il décidé en âme et conscience, de renvoyer les suspects à l’étape des enquêtes préliminaires ? Ou des lobbys tentent-ils d’influencer la conduite de l’enquête ? S’agit-il de chantage comme le prétendent certains, permettant de soustraire des suspects à leurs responsabilités criminelles dans cette affaire ? Est-ce une diversion pour permettre aux vrais bourreaux de mieux se cacher ou de prendre la tangente ? L’on attend de voir. Dans tous les cas, le juge militaire a une double responsabilité devant l’histoire. Soit il rend le droit et la justice selon les règles de l’art, et son nom sera inscrit dans le marbre de ceux qui auront contribué à réhabiliter l’image du pouvoir judiciaire. Soit il s’embarque dans un tourbillon de marchandage politico-judiciaire et laisse filer entre les mailles, des criminels et son image sera ternie et associée à ceux qui auront davantage souillé la réputation d’une justice qui souffrait déjà d’un manque de crédibilité.
Michel NANA