République centrafricaine : nouvelle hausse du coût des crédits bancaires

République centrafricaine : nouvelle hausse du coût des crédits bancaires

Le Comité national économique et financier de la RCA fixe de nouveaux taux d’usure applicables pour les établissements de crédit dans le pays, en durcissant les conditions pour les crédits amortissables et les découverts pour les ménages et les PME.

Publiée lundi 5 août 2024

ParJean Omer Eyango

Le ministre centrafricain des Finances Hervé Ndoba présidant une session du CNEF

L’examen de la situation du taux effectif global (TEG), qui comprend les intérêts et l’ensemble des autres frais à payer pour l’emprunteur en plus du capital, le 23 juillet dernier à Bangui par le Comité national économique et financier (CNEF) de la République centrafricaine, a mis en exergue une persistance du coût élevé des crédits bancaires dans le pays au premier trimestre 2024. L’instance qui s’en est émue a pourtant procédé à un relèvement substantiel des taux d’usure, c’est-à-dire, des taux d’intérêts maximum légaux que les établissements de crédit sont autorisés à pratiquer lorsqu’ils accordent un prêt pour compter du deuxième trimestre de l’année en cours. Cela est perceptible, notamment, pour les crédits amortissables (remboursables sur plusieurs échéances) des ménages, qui bondissent de 30,88% entre le quatrième trimestre 2023 et le premier trimestre 2024 à 47% à partir du deuxième trimestre. On note néanmoins une légère baisse du taux des découverts pour cette catégorie, qui passe de 27,55% à 26,38% sur la même période. Légère baisse également pour les cautions et avals bancaires qui passent de 9,17% à 9,5%.

Les taux applicables pour les grandes entreprises connaissent une baisse en trompe l’œil, avec un assouplissement des conditions pour les cautions et avals bancaires de 12,10% au premier trimestre à 8,48% à partir d’avril 2024 ; tandis que les crédits amortissables font un bond de 14,37% à 16,77%. Le CNEF a également procédé à une légère baisse du taux des découverts, de 21,45% à 20,8% pour cette catégorie. Le taux applicable pour les cautions et avals bancaires au profit des PME, par contre, passe à 29,37% contre 19,39% jusqu’à fin mars 2024. Les conditions sont aussi durcies pour cette catégorie en ce qui concerne les crédits amortissables dont le taux d’usure atteint désormais 35,21% contre 28,98% jusque-là. Le taux pour les découverts, en revanche, connaît un léger réajustement à la baisse de 21,01% à 18,83%. Le taux s’agissant des crédits amortissables au bénéfice de l’administration et des entités publiques chute à 18,55%, contre 27,90% jusqu’à fin mars dernier.

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D’un point de vue global, ces réajustements vont renchérir davantage le coût du crédit dans le pays. De l’analyse des données ci-dessus, il apparaît clairement que les particuliers et les Pme continueront de supporter les taux les plus élevés auprès des établissements de crédits en République centrafricaine, à la différence des grandes entreprises. La nouvelle hausse des TEG validée par le Comité national économique et financier contraste avec la situation globale des conditions financières qui connaissent une amélioration au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Dans son dernier rapport de politique monétaire publié en juin, la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) relève en effet qu’au premier trimestre 2024, les taux d’intérêt moyens pratiqués par les établissements de crédit de la sous-région ont évolué à la baisse. L’institut d’émission a en effet noté que le taux effectif global moyen sur l’ensemble des crédits accordés par ces établissements s’est établi à 9,71 %, contre 10,43 % le trimestre précédent.

Le rapport précédent avait déjà révélé qu’au sein de la Cemac, la RCA (15,25%) et le Gabon (12,51%) avaient été les seuls pays à enregistrer des taux d’intérêts à deux chiffres au troisième trimestre 2023. Ces taux d’usure ne sont pas de nature à soutenir la reprise économique et favoriser l’accès au crédit pour les PME et les ménages qui en ont le plus besoin dans une République centrafricaine dont le secteur bancaire demeure structurellement faible avec un taux de bancarisation autour de 7%.

Ecomatin

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