
Le risque est grand que le coq gaulois y perde des plumes
Toujours est-il que la précipitation dont l’Elysée fait montre, est pour le moins maladroite. Surtout dans un contexte où sa politique étrangère en Afrique est plus que jamais décriée. Quant au président Macky Sall, il serait bien inspiré de jouer la carte de la prudence face à cette nouvelle fonction qui lui tend la main, d’autant que lui et son homologue ivoirien passent pour être « deux valets locaux de la France » sur le continent. Certains feront valoir que cette offre est, pour la France, une façon de récompenser les chefs d’Etat africains ardents défenseurs des intérêts français et qui ont fait l’option de ne pas s’accrocher au pouvoir, et d’encourager ceux qui hésitent encore à s’inscrire dans cette dynamique, à franchir le pas. Soit. Mais il reste qu’en la matière, ce ne sont pas les initiatives africaines en matière de promotion de la bonne gouvernance et de la démocratie, qui manquent, à l’image du prestigieux et très redoutable prix Mo Ibrahim. En tout état de cause, les qualités reconnues par la France, au président sénégalais, qui lui valent d’être appelé à ces nouvelles fonctions après son passage au sommet de l’Etat, ne sont pas les mieux partagées. L’opposition dénonce « les nombreuses victimes des manifestations de mars 2011 et juin 2023 ». Criant à une humiliation à l’égard du peuple sénégalais, elle ne tolère pas que la France s’immisce dans les affaires intérieures du Sénégal. Pour tout dire, le coq gaulois vient de mettre ses pattes dans un engrenage et le risque est grand qu’il y perde des plumes au sens propre comme au figuré.
« Le Pays »