JO 2024 : les juntes, casse-tête de la diplomatie française : pourquoi le chef des Requins mais pourquoi pas le Nigérien ?

 

JO 2024 : les juntes, casse-tête de la diplomatie française

La composition des délégations des pays dirigés par des juntes aux Jeux olympiques de Paris 2024 a fait l’objet d’arbitrages serrés entre le CIO et le Quai d’Orsay.

Le 26 juillet, plus de cinquante délégations africaines assisteront à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques (JO) de Paris 2024. Si, pour la très grande majorité d’entre elles, la validation de leur composition a été une simple formalité, le cas des juntes, et tout particulièrement de celles du Sahel, s’est avéré plus épineux.

Officiellement, c’est le Comité international olympique (CIO) qui invite les États membres à Paris. Les services de l’organisme dirigé par Thomas Bach ont, dans ce cadre, fait parvenir aux autorités françaises une liste pour chaque pays, entre avril et juin. Y sont inscrits les athlètes, ainsi qu’une poignée de personnalités : ministre des sports, patrons des fédérations, etc. Paris, qui gère les accréditations, dispose d’un droit de regard sur cette liste.

Le ministre des sports du Niger recalé

La France, dont les relations avec le Niger sont totalement gelées, a ainsi retoqué trois noms de la liste transmise par le CIO concernant ce pays. Parmi eux figure le colonel major Abdourahamane Amadou, ministre des sports, de la jeunesse, des arts et de la culture.

De son côté, Niamey avait fait parvenir une demande d’accréditation pour près de soixante personnes, athlètes compris. Plusieurs officiels nigériens, sans liens directs avec les JO, avaient aussi sollicité des laissez-passer ou leur renouvellement. Au final, la délégation nigérienne ne sera composée que d’une trentaine de personnes. Aucun ministre ni membre direct de la junte ne devrait prendre part à l’évènement. Alors que la France ne dispose plus d’ambassade à Niamey, c’est celle d’Espagne qui a été chargée, en lien étroit avec Paris, de gérer les demandes de visas sollicités par la junte pour prendre part aux JO.

Le cas des régimes malien et burkinabè, avec lesquels la France est à couteaux tirés, a également suscité certaines crispations. Et ce malgré le dégel progressif des relations entre Paris et Bamako amorcé ces derniers mois (AI du 17/05/24).

Une approche au cas par cas assumée

Parmi les pays du continent, le Burkina Faso dispose de l’une des plus grandes chances de médailles d’or de ces JO avec Hugues Fabrice Zango, actuel champion du monde de triple saut. Depuis son arrivée au pouvoir, le capitaine Ibrahim Traoré a multiplié les tentatives pour se rapprocher de cette puissante figure populaire dans le pays. Le chef de la junte l’a reçu à grand renfort de communication en septembre 2023 pour l’élever au rang d’officier
de l’ordre de l’Étalon.

La composition des délégations des juntes gabonaise et, dans une moindre mesure, guinéenne n’a pas suscité de remous particulier. Les autorités françaises ont notamment convié le ministre des sports et de la jeunesse de Conakry, Keamou Bogola Haba. Paris entretient également une relation particulièrement cordiale avec le président de la transition gabonaise, Brice Clotaire Oligui Nguema, reçu à l’Élysée par Emmanuel Macron en mai 2024.

Cette approche au cas par cas vis-à-vis des juntes du continent est pleinement assumée par Paris.

Les ministres des sports des délégations ont par ailleurs été conviés par leur homologue française, Amélie Oudéa-Castéra, à un cocktail qui aura lieu le 26 juillet à l’hôtel
Le Méridien Étoile (Paris 17e). Parmi les invités figure le très russophile ministre des sports centrafricain, Rodolphe Héritier Doneng (AI du 04/07/24). L’ambitieux cadre du parti présidentiel du Mouvement des cœurs unis (MCU), a été très actif au sein de la nébuleuse
des « Requins », groupe paramilitaire proche de la Garde républicaine et lié à la milice privée russe Wagner. Aucun officiel russe n’assistera à la réception, la Russie ayant été radiée du CIO et exclue de la cérémonie d’ouverture. Ses athlètes concourront sous bannière neutre.

JA

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