
Touadera doit se le tenir pour dit, que ça n’arrive pas qu’aux autres
En effet, non seulement le pays traîne encore de nombreuses rancœurs politiques qui peinent encore à se cicatriser, mais tout porte aussi à croire que bien des Centrafricains sont encore loin d’avoir définitivement tourné la page de la réélection contestée de l’actuel locataire du palais présidentiel. C’est dire si le président Touadera joue avec le feu. Or, il devrait savoir tirer leçon de l’Histoire qui ne manque pourtant pas d’enseignements à cet effet. En attestent les exemples, parmi les plus récents, de l’ex-président burkinabè, Blaise Compaoré, et de l’ex-chef de l’Etat guinéen, Alpha Condé, dont les ambitions monarchistes dans leurs pays respectifs, ont été brutalement interrompues par le cours de l’histoire. Et ce, dans l’humiliation la plus totale : celle d’un exil forcé pour le premier, et celle d’un coup d’Etat qui a déposé le second sans que personne ne lève le petit doigt pour le défendre. Et pourtant, ce ne sont pas les soutiens et autres zélateurs opportunistes ou convaincus, qui manquaient à ces hommes forts. C’est pourquoi le président Touadera doit se le tenir pour dit, que ça n’arrive pas qu’aux autres. Car, en s’engageant sur le même chemin tortueux du tripatouillage constitutionnel qui se dessine à l’horizon pour se maintenir au pouvoir, il est non seulement en train d’entraîner son pays sur la pente raide, mais il pourrait aussi en payer le prix fort. La Centrafrique n’a pas besoin de ça. Car, le pays revient de trop loin, notamment avec la sanglante et douloureuse parenthèse de la guerre fratricide entre Selekas et anti-balakas, pour se permettre de réveiller les démons de la division par ce qui ressemble à une danse du scalp sur un volcan. En tout état de cause, l’histoire a suffisamment montré qu’un dictateur, aussi puissant soit-il, n’est jamais venu à bout d’un peuple déterminé. Et rien ne dit que le président Touadera fera l’exception.
« Le Pays »