
L’ONU doit se poser les bonnes questions
Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’horizon est en train de s’assombrir pour les forces onusiennes de maintien de la paix qui ne sont pas au bout de leurs peines en Afrique. Et ces désengagements forcés à la limite du désaveu si ce n’est du camouflet, en cours de la MINUSMA et probablement à venir de la MONUSCO, sonnent comme un appel à l’introspection de la part de l’organisation mondiale. Autant dire que l’ONU doit faire son examen de conscience. Un exercice rendu d’autant plus nécessaire que les opérations de maintien de la paix de la puissante organisation mondiale basée à New-York, sont aujourd’hui de plus en plus sujettes à caution si elles ne sont pas remises en question dans certaines parties de la planète. C’est pourquoi l’ONU doit savoir se regarder courageusement dans la glace et se poser les bonnes questions par rapport, d’une part, aux griefs qui lui valent aujourd’hui les récriminations de ces gouvernements. Et, d’autre part, par rapport à ce qui apparaît comme un cuisant échec, dans l’accomplissement de sa mission dans ces pays touchés par des conflits. Qu’est-ce qui n’a pas marché ? Les objectifs des missions sont-ils bien définis et sont-ils en adéquation avec les besoins des pays touchés et surtout les attentes des populations ? Les mandats sont-ils vraiment adaptés aux réalités du terrain ? Les conditions de bonne collaboration avec les autorités des pays hôtes, sont-elles souvent réunies et empreintes de confiance réciproque ? Autant de questions, loin d’être exhaustives et qui en appellent certainement d’autres, mais dont les réponses devraient permettre à l’ONU de revoir sa copie pour autant qu’elle soit disposée à se remettre en question et animée de la volonté de rectifier le tir.
Il revient aux autorités maliennes et congolaises de s’assumer pleinement
Autrement, le risque est grand pour elle, de voir ses missions de la paix perdre progressivement de leur attrait et de leur intérêt si elles ne sont pas, à la longue, menacées de disparition. Car, que ce soit au Mali ou en RDC, sans parler de faillite des Casques bleus dans leur mission, force est de constater qu’après plusieurs années de présence renforcée, ces forces onusiennes sont loin d’avoir pu « créer les conditions du retour de la paix », encore moins de « maintenir la paix et la sécurité », conformément aux objectifs de telles opérations. En tous les cas, il est aujourd’hui difficile, pour les populations, de comprendre que malgré les moyens colossaux déployés, la présence des forces onusiennes ne soit pas suffisamment dissuasive pour les groupes armés qui continuent de semer la mort et la désolation sur leur chemin. Et dans le cas d’espèce de la RDC, la pilule est d’autant plus difficile à avaler qu’en 2013, la MONUSCO avait permis de mettre en déroute les rebelles du M23 qui tiennent aujourd’hui encore en otage, l’Est du pays. Autant dire que tant qu’il y aura ce hiatus entre les attentes des populations et les missions des Casques bleus en fonction de leur mandat sur le terrain, il sera difficile aux forces onusiennes d’avoir la pleine et entière confiance des populations.. Et de là à être vues comme le problème plutôt que la solution, il y a un pas que d’aucuns ont vite fait de franchir quand ils ne voient pas derrière les actions de ces forces onusiennes, un agenda caché. En tout état de cause, autant il appartient à l’ONU de faire son examen de conscience en vue d’opérer sa mue, autant il revient aux autorités maliennes et congolaises à la base de la demande de divorce, de s’assumer pleinement en travaillant à combler le vide que créera nécessairement le départ des forces internationales, dans la sécurisation de leurs territoires respectifs. Seront-elles à la hauteur du défi ? On attend de voir.
« Le Pays »