
CONFIDENTIELS
Déby contre Sassou Nguesso et Oligui : pourquoi le secrétariat de la Cobac attise les convoitises
Alors que les chefs d’État de la Cemac viennent d’élire le nouveau gouverneur de la Banque centrale des États d’Afrique centrale (BEAC), ils peinent à s’entendre sur le remplaçant de Maurice Christian Ouanzin, secrétaire général de la Commission bancaire de l’Afrique centrale.
Omer Mbadi
Alors que la nomination du Centrafricain Yvon Sana Bangui, 49 ans, à la tête de Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) en remplacement du Tchadien Abbas Mahamat Tolli devait mettre fin à ses fonctions, le secrétaire général de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac), le Centrafricain Maurice Christian Ouanzin conserve son poste jusqu’à nouvel ordre. En effet, les chefs d’État et représentants de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), n’ont pas pu se mettre d’accord sur un profil consensuel pour lui succéder.
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Étaient présents lors du sommet virtuel du 9 février dernier, le Congolais Denis Sassou Nguesso, le Tchadien Mahamat Idriss Déby Itno, le Gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema et le Centrafricain et président en exercice de la Cemac, Faustin-Archange Touadéra. Le président camerounais Paul Biya s’est fait remplacer par son secrétaire général à la présidence Ferdinand Ngoh Ngoh et l’Equato-guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo était représenté par son ministre de l’Intégration régionale Lucas Abaga Nchama, ex-gouverneur de la BEAC (2010-2017).
Déby veut imposer le Tchad
Si la nomination du nouveau gouverneur de la BEAC s’est faite sans ambages, le choix du nouveau secrétaire général de la Cobac a lui fait l’objet de vifs échanges entre les dirigeants présents. En vertu du principe d’équité, les ressortissants d’un même pays ne peuvent pas, dans le même temps, diriger ces deux institutions communautaires qui sont des organes de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (Umac), l’une des deux branches de la Cemac au niveau ministériel. Le Centrafricain Maurice Christian Ouanzin devait donc quitter son poste puisque le nouveau gouverneur de la BEAC est de la même nationalité que lui.
En application du principe de rotation des postes selon l’ordre alphabétique, il revenait à un Congolais de prendre la tête du secrétariat général de la Cobac. Selon nos informations, Denis Sassou-Nguesso a opté pour Marcel Ondele, l’adjoint de Maurice Ouanzin. Cependant, le tchadien Mahamat Idriss Déby Itno a voulu faire fi des règles lors de ce sommet. Échaudé par l’épisode de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC) d’avril 2022, dont la présidence était finalement revenue au Cameroun en dépit des protestations de N’Djamena, le président tchadien voulait que la gestion du gendarme du système bancaire régional revienne à l’un de ses compatriotes en guise de compensation.
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De plus, avec le départ d’Abbas Tolli de la BEAC, le Tchad n’assure plus que la direction de l’Organisation pour la coordination de la lutte contre les endémies en Afrique centrale (OCEAC) et l’École inter-États des douanes (EIED), deux institutions communautaires de seconde zone, ce qui ne convient guère à Mahamat Déby.
Bras de fer entre dirigeants
De son côté, le président Denis Sassou Nguesso était déterminé à faire respecter le principe de rotation et s’est formellement opposé aux revendications du Tchadien. Selon nos informations, il a trouvé un soutien en la personne de son homologue gabonais, Brice Clotaire Oligui Nguema. Le chef du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) devait proposer le nom d’un Gabonais pour prendre le poste de secrétaire général adjoint de la Cobac en remplacement du Congolais Marcel Ondele. Selon nos informations, ce choix devrait vraisemblablement se porter sur Patricia Danielle Manon, ancienne patronne de la Caisse des dépôts et consignations du Gabon.
JA