Ce jeudi 10 août, la Cedeao a annoncé déployer ses troupes pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger (photo d’illustration prise en 2017 en Gambie et montrant des soldats de la Cedeao dans un véhicule blindé).
SEYLLOU / AFP
Ce jeudi 10 août, la Cedeao a annoncé déployer ses troupes pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger (photo d’illustration prise en 2017 en Gambie et montrant des soldats de la Cedeao dans un véhicule blindé).

NIGER – C’est une issue qui suscite autant de craintes que d’espoirs. Ce jeudi 10 août, les quinze pays d’Afrique de l’Ouest réunis au sein de la Cedeao ont pris une décision qui les rapproche d’une intervention militaire au Niger, où une junte a pris le pouvoir après avoir renversé le président Mohamed Bazoum le 26 juillet dernier, puisque les dirigeants ont acté « l’activation » de leur force. Selon le président ivoirien Alassane Ouattara, le but est désormais qu’une opération militaire « démarre dans les plus brefs délais », si les putschistes ne coopèrent toujours pas.

À la fin de leur sommet extraordinaire organisé à Abuja, au Nigeria, les dirigeants de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest ont ainsi annoncé jeudi soir la mobilisation et le déploiement de « la force en attente de la Cedeao pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger », comme l’a déclaré le président de la Commission, le Gambien Omar Touray. Et d’ajouter, néanmoins, que « la priorité est donnée à la résolution pacifique » de la crise.

« Convaincre » les putschistes de renoncer, mais…

À la tête de la Cedeao, le président du Nigeria, Bola Tinubu, a en effet insisté sur le fait que s’il n’était pas écarté et que « personne d’autre ne le ferait » à la place de la Communauté, l’usage de la force n’aurait lieu qu’en dernier recours. « Nous devons impliquer toutes les parties, y compris les putschistes, dans des négociations sincères visant à les convaincre de rendre le pouvoir et de restaurer le président Bazoum dans ses fonctions », a-t-il précisé.

« C’est notre devoir d’éprouver tous les moyens de discussion possible pour obtenir un retour rapide à l’ordre constitutionnel au Niger », a ajouté le président nigérian, lançant un « tout n’est pas perdu » invitant à un optimisme mesuré.

Puis plus tard dans la soirée, Alassane Ouattara a donc fait savoir, une fois rentré à Abidjan, que l’intervention militaire était imminente. « Les chefs d’état-major auront d’autres conférences pour finaliser les choses, mais ils ont l’accord de la conférence des chefs d’État pour que l’opération démarre dans les plus brefs délais », a-t-il déclaré.

« Tout dépend » désormais des militaires rebelles

Dans le détail, il a indiqué que son pays fournirait « un bataillon » de 850 à 1 100 hommes, aux côtés du Nigeria et du Bénin notamment, et que « d’autres pays » les rejoindront. « Les putschistes peuvent décider de partir dès demain matin et il n’y aura pas d’intervention militaire, tout dépend d’eux », a-t-il tout de même nuancé. Avant de reprendre de manière martiale : « Nous sommes déterminés à réinstaller le président Bazoum dans ses fonctions. »

Un peu plus tôt dans la journée, et alors qu’il partait pour le sommet, le président de la Côte d’Ivoire avait tenu à rappeler que la Communauté avait déjà employé la force dans des circonstances similaires, citant « le Liberia, la Sierra Leone, la Gambie et la Guinée-Bissau ». En guise de mise en garde, il avait insisté, déplorant que le président Bazoum soit retenu en otage : « Aujourd’hui, le Niger connaît une situation similaire et je tiens à dire que la Cedeao ne peut l’accepter. »

Le 30 juillet, soit quatre jours après le coup d’État, la Cedeao avait déjà fixé un ultimatum aux putschistes. À l’époque, la Communauté ouest-africaine avait donné sept jours aux militaires nigériens pour rendre les armes et restaurer le président Bazoum dans ses fonctions. Malgré le refus d’obtempérer des intéressés, les dirigeants d’Afrique de l’Ouest n’avaient pris aucune décision hâtive, certains faisant face en interne à une opposition à l’intervention militaire.