
La France est de plus en plus à l’étroit dans ses relations avec certains partenaires africains
Quelques semaines plus tôt, c’est le ministre chinois des Affaires étrangères, Qin Gang, qui parcourait l’Afrique, de l’Ethiopie à l’Egypte en passant par le Gabon, l’Angola et le Bénin pour tisser davantage la toile de l’Empire du milieu sur un continent visiblement en quête de nouveaux partenariats. Tout cela, dans un contexte où la France qui semblait bénéficier de relations privilégiées avec l’Afrique en raison de l’héritage de la colonisation, est de plus en plus à l’étroit dans ses relations avec certains partenaires africains. Sont de ceux-là, la Centrafrique, le Mali et le Burkina Faso pour ne citer que ceux-là, qui ne demandent rien moins qu’à revoir certains aspects de leur coopération bilatérale avec Paris quand ils ne lui préfèrent pas tout simplement d’autres partenaires. Avec l’influence grandissante de la Russie qui ne semble reculer devant rien pour atteindre ses objectifs, ainsi que de la Chine qui passe aujourd’hui pour le premier partenaire commercial de l’Afrique, tout se passe comme si ces grandes puissances cherchaient aussi à profiter de la situation de désamour entre Paris et certains pays africains, quand elles n’en sont pas tout simplement des instigatrices, pour mieux consolider leurs assises à l’effet de tirer les marrons du feu dans cette relation où la France semble perdre de plus en plus du terrain. Surtout dans les pays africains confrontés à la crise sécuritaire en lien avec le terrorisme, qui a parfois favorisé le retour du pouvoir kaki à la tête de certains Etats. Mais de là à croire que la Françafrique a vécu et que ce contexte sonne son hallali, il y a un pas qu’il faut sans doute se garder, pour l’instant, de franchir. Car, de Yaoundé à Libreville en passant par Brazzaville, Ndjamena et la liste est loin d’être exhaustive, la Françafrique semble avoir encore de beaux jours devant elle.
A Paris de faire son introspection et son autocritique
Toutefois, la montée en flèche du sentiment anti-français dans certains pays de ce qui était considéré comme son pré-carré dans un passé pas si lointain, ne peut laisser Paris indifférente. La France va-t-elle alors changer son fusil d’épaule ? La question est d’autant plus fondée que tout porte à croire que toute sa difficulté aujourd’hui, c’est qu’elle a semblé dormir pendant tout ce temps sur des accords qu’elle croyait peut-être acquis à jamais, mais qui ne sont pas loin d’être remis en cause de nos jours quand certains Africains n’appellent pas tout simplement à leur dénonciation comme c’est le cas avec le Burkina Faso. C’est dire toute la peine que l’ex-puissance coloniale éprouve aujourd’hui encore à s’adapter à la nouvelle donne d’une Afrique manifestement ouverte à tous les vents de la mondialisation. Une situation qui a sonné le réveil de bien des consciences, surtout au sein d’une jeunesse et d’une société civile africaines résolument décidées à jouer un rôle de vigie, et à ne plus se laisser conter fleurette par des dirigeants désormais tenus à l’œil dans leurs rapports avec les puissances étrangères. Si à cela, on ajoute la propagande dont ne se privent pas certains de ses rivaux pour lui tailler des croupières, on peut comprendre pourquoi la France semble aujourd’hui en net recul dans certaines parties du continent noir où, quand elle n’est pas accusée de duplicité par une certaine opinion, elle semble elle-même donner des verges pour se faire flageller à travers une politique étrangère qui n’a pas toujours brillé par sa cohérence en termes de défense des principes démocratiques dont elle se fait pourtant le chantre. Comme quoi, l’on récolte toujours ce que l’on a aussi semé. A Paris de faire son introspection et son autocritique si elle tient à redresser la barre tordue de ses relations tendues avec certains pays africains.
« Le Pays »