
Une condamnation inquiétante
La condamnation du journaliste qui a enquêté sur ce drame, est d’autant plus inquiétante qu’elle montre les risques liés à la profession et surtout les dangers auxquels sont exposés les professionnels de médias. Or, faut-il le rappeler, la place d’un journaliste n’est pas derrière les barreaux, mais plutôt dans une salle de rédaction. C’est donc impuissamment que l’on assiste, de plus en plus, à la dégradation de la situation des journalistes à travers le monde, en l’occurrence en Afrique, où ils sont traqués voire trucidés. Dans le contexte congolais, il y a des craintes que cette condamnation du journaliste Bujakera ne soit pas la dernière ; tant elle n’augure rien de rassurant quant à l’avenir de la profession. Si fait que l’on se demande si la liberté de la presse dans ce pays, n’est pas en danger. Cette crainte est davantage justifiée avec le rétablissement de la peine de mort dans le pays, qui vise essentiellement les militaires, les hommes politiques et les journalistes. Il y a donc urgence à aller vers une dépénalisation des délits de presse afin de protéger les hommes et femmes qui exercent la profession en RDC. Au vu du rôle combien important que joue le journaliste au sein de la société, il mérite d’être protégé. Cela dit, il faut saluer le soutien dont a bénéficié le directeur de publication adjoint du média congolais « Actualite.cd » de la part de Jeune Afrique dont il est le correspondant. A ce soutien, il faut ajouter ceux de la corporation et de la société civile. Il n’est pas exclu que tous ces soutiens aient pesé dans la décision de la Justice. Surtout quand on sait que le parquet avait requis contre lui, une peine d’emprisonnement de 20 ans.
Edoé MENSAH-DOMKPIN