Bangui, le 10.12.24
Monsieur le Ministre,
Cher Charles Armel,
C’est avec une profonde indignation que j’ai appris le redéploiement de tes enseignements à la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques de l’Université de Bangui. Cette décision, aussi incompréhensible qu’ahurissante, constitue une injustice criante à l’égard de l’un des plus brillants esprits de notre pays.
Un parcours exemplaire et une expertise incontestable :
Ton parcours exceptionnel, marqué par un engagement sans faille en tant qu’enseignant rigoureux et méthodique, mais aussi en tant que diplomate chevronné et ancien ministre de l’Éducation nationale et des Affaires étrangères, témoigne d’un sens élevé de l’éthique et d’un dévouement constant au service de la nation.
Depuis trois ans, c’est à la demande des enseignants eux-mêmes, avec l’appui enthousiaste des étudiants, que tu as assumé des charges d’enseignement dans des disciplines aussi stratégiques que :
- Droit international des droits de l’homme,
-
Contentieux des droits de l’homme,
-
Droit des financements internationaux,
-
Et bien d’autres.
Tu formes avec passion et rigueur des centaines d’étudiants, sans jamais avoir perçu la moindre indemnité pour ces vacations. Cette posture sacrificielle témoigne de ton amour inaltérable pour la transmission du savoir et ton sens aigu du service public.
Une décision injuste et préjudiciable :
L’ignominie atteint son paroxysme quand on mesure le mépris que cette décision reflète envers l’intelligence et l’avenir de notre jeunesse. Les plus grandes universités du monde recrutent des enseignants de ta trempe à prix d’or pour leur expertise et leur expérience. Que notre système éducatif, en pleine déliquescence, choisisse de marginaliser une compétence aussi précieuse est une faute historique impardonnable.
Une responsabilité historique :
Je suis d’autant plus indigné que le premier responsable de cette situation est celui-là même, *Faustin-Archange Touadéra, que j’avais choisi comme recteur il y a vingt ans, dans l’espoir de voir triompher l’excellence académique. La dégradation actuelle du système éducatif est un sujet brûlant et pathétique à la fois, auquel il faudra revenir sans complaisance.
Mon soutien indéfectible :
Sache que tu as toute mon admiration et mon soutien inébranlable. Le savoir ne se confisque pas, et l’histoire retiendra ton engagement exemplaire malgré les embûches. L’héritage que tu laisses dans le cœur et l’esprit de tant d’étudiants constitue une richesse intemporelle.
Avec toute mon amitié et ma solidarité.
Karim MECKASSOUA