
Africa Intélligence du 09/02/2024
Premier accroc pour Bancroft à Bangui
Alors que la société militaire privée s’établit timidement dans la capitale, l’un de ses représentants a été brièvement arrêté et interrogé par la police centrafricaine, appuyée par des paramilitaires russes.
À Bangui, Bancroft Global Development peine à se déployer. La structure américaine de conseil en sécurité, se présentant comme une ONG, a vu l’un des siens interpellé le 2 janvier dans la capitale lors d’une opération conjointe de la police centrafricaine et d’éléments russes présumés membres de Wagner. Ancien de la Légion étrangère française, ce personnel de Bancroft, d’origine russe, se trouvait à l’hôtel Quatre saisons en compagnie de Prince Borel Yaounga Yiko. Ce dernier, ministre-conseiller du président centrafricain Faustin-Archange Touadéra, est l’un des artisans du rapprochement entre Bancroft et le pouvoir centrafricain (AI du 08/01/24).
Également à la tête du Centre analytique des ressources administratives et militaires (Caram), Prince Borel Yaounga Yiko a lui aussi été appréhendé par les forces de sécurité. Les deux hommes ont été entendus durant plusieurs heures au camp de Roux, le quartier général des Forces armées centrafricaines (Faca) et des paramilitaires de Wagner. Ils ont finalement été libérés, sur intervention directe du président Touadéra.
Depuis la signature fin septembre d’un accord-cadre entre Bancroft, dirigé par le financier Michael Stock, et la présidence, le déploiement des instructeurs n’a pas véritablement démarré. Seuls quelques représentants se sont discrètement établis en décembre 2023 dans la capitale, dans l’attente de clarifications sur les objectifs à atteindre et les troupes à former pour constituer une unité de protection de sites miniers. Lors du sommet Italie-Afrique (AI du 24/01/24), le chef de l’État centrafricain a croisé Michael Stock, qui s’est entretenu avec Hassan Sheikh Mohamoud, le président de Somalie, où la société américaine où la société américaine opère depuis 2008.
Machine à propagande
Depuis la révélation du deal entre Bangui et Bancroft, Wagner, ainsi que des éléments du service des renseignements extérieurs de la fédération de Russie (SVR), mettent la pression sur le président Touadéra et ont réactivé une machine à propagande sur les territoires numériques et à travers des organisations civiles constituées ad hoc. La restructuration du dispositif sécuritaire de Wagner par le SVR, et donc par l’État russe, donne lieu à des dynamiques internes difficiles à décrypter.
Les Russes conservent une influence éprouvée auprès de responsables des services de sécurité centrafricains, qu’ils utilisent notamment pour intimider la société américaine, perçue comme une rivale dans la capitale. Plusieurs incidents ont précédé l’arrestation de Prince Borel Yaounga Yiko et du personnel de Bancroft. En raison de leurs liens présumés avec la structure de conseil en sécurité, trois ressortissants américains arrivés à l’aéroport international de Bangui-M’Poko par un vol Air France en provenance de Paris s’étaient vu refuser l’entrée sur le territoire début janvier. Cinq de leurs compatriotes ont connu des mésaventures similaires (AI du 31/01/24).
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