
Hervé Kogboma (BGFIBank Centrafrique) : « Nous allons ouvrir des agences dans les principales villes de provinces »
le 18/07/2024 à 14h26, par Africa Business+
BGFIBank Centrafrique est devenue, en septembre 2021, la douzième filiale du groupe bancaire gabonais BGFI. Ceci à l’occasion d’un partenariat avec les autorités de Bangui. Le ministre des Finances, Hervé Ndoba (toujours en poste), a en effet alors décidé de vendre à BGFI 34 % des 80 % détenus par l’État de l’ex-Commercial Bank Centrafrique (CBCA), devenue donc, depuis, BGFIBank Centrafrique.
Directeur général de CBCA avant sa reprise, Hervé Kogboma, ingénieur financier de formation, a été maintenu à son poste par Henri-Claude Oyima, patron et fondateur du groupe BGFIBank. Trois ans après la création de BGFIBank Centrafrique, Hervé
Kogboma revient pour Africa Business+ sur les difficultés et les progrès enregistrés par BGFIBank Centrafrique. Ceci sur fond de conditions sécuritaires toujours difficiles dans le pays, qui constituent un frein pour le déploiement de la banque en dehors de Bangui, la capitale.
Comment BGFIBank Centrafrique se positionne-t-elle sur le marché bancaire centrafricain ?
BGFIBank Centrafrique occupe la première place en matière de distribution de crédit, avec 45 % des parts de marché. Elle est aussi la deuxième banque en termes de dépôts – avec 34 % du marché – sur un marché centrafricain composé de quatre banques seulement.
Quel est l’impact de l’entrée du groupe BGFI dans le capital de l’ex-CBCA ?
L’arrivée de BGFI a conduit à une amélioration des méthodes de travail. Elle a aussi permis une plus grande exigibilité dans la gestion de la trésorerie, un renforcement des compétences des cadres dans plusieurs métiers, notamment les risques, l’audit, le contrôle et les ressources humaines. Avec BGFI, notre banque a vu sa notoriété progresser et sa base de clients croître. L’impact est donc significatif.
Au vu de ce que vous avez cité, quel bilan faites-vous de l’année 2023 ?
BGFIBank Centrafrique a enregistré en 2023 une belle progression de ses résultats nanciers. Cette embellie confirme l’engagement de la filiale centrafricaine dans le projet « Dynamique 2025 » du groupe BGFI, tourné vers la croissance. Le total du bilan au 31 décembre 2023 est en hausse de 11 %, grâce notamment à la croissance des dépôts collectés ainsi qu’à l’amélioration de la situation nette. Le résultat net est bénéficiaire de 1 541 millions de F CFA (2,57 millions de dollars) contre 130 millions de F CFA (216 686 dollars) en 2022, soit une augmentation de 1 085 % !
Pourtant, la clientèle centrafricaine se plaint du manque de produits disponibles, notamment de cartes bancaires…
Notre banque a entamé depuis quelques mois le processus de déploiement de la carte de paiement Visa. Dans deux mois, ce type de cartes sera proposé à la clientèle. Notre équipe travaille d’arrache-pied pour satisfaire les clients, car il y va de notre notoriété.
En Centrafrique, les clients se plaignent aussi de l’accès difficile au crédit et des taux élevés. Qu’en est-il ?
BGFIBank Centrafrique est la première banque du pays en matière de distribution de crédit. Nous offrons une large gamme à notre clientèle. J’estime donc que nous jouons largement notre rôle.
Les agences bancaires sont quasi inexistantes dans les provinces de Centrafrique. Qu’est-ce qui justifie cette situation ?
La Centrafrique a traversé des périodes de crise que nul n’ignore. Les agences bancaires en ont fait les frais. Aujourd’hui, nous essayons de nous redéployer. BGFIBank Centrafrique dispose à l’heure actuelle de trois agences dans trois villes différentes du pays. Notre projet de développement prévoit l’ouverture progressive d’autres agences dans les principales communes de provinces. En 2024, nous inaugurons une agence dans la ville de Mbaïki, dans la préfecture de la Lobaye. D’autres suivront.
Quelles sont vos perspectives face aux défis économiques du pays ?
Les perspectives 2024 sont prometteuses pour notre banque. Elles sont basées sur un taux de croissance prévisionnelle du PIB centrafricain de 2,5 % en 2024 (contre 0,6 % en 2023) et la conduite de nombreux projets d’utilité publique en cours, parmi lesquels le projet « Londo » [connu aussi comme le programme « argent contre travail », financé pour plus de 100 millions de dollars par la Banque mondiale], qui permettra la création de 37 000 emplois. Mais aussi le démarrage du projet de corridor de transport multimodal Pointe-Noire-Brazzaville- Bangui-N’Djamena, conduit sur trois ans.