Centrafrique : Manifestation du Rassemblement Unitaire du 26 juillet 2025 : L’intégralité de l’interview du Coordonnateur général Pr Jean – François Akandji – Kombé

Centrafrique : Manifestation du Rassemblement Unitaire du 26 juillet 2025 : L’intégralité de l’interview du Coordonnateur général Pr Jean – Jean-François Akandji-Kombé accordée au Journal en ligne Letsunami.net

 

 

Jean – Paul Naïba : Bonjour Monsieur le Coordonnateur général du Rassemblement Unitaire, PrJean-François Kandi Kombe !

 

Jean – François Akandji – Kombé : Bonjour .

 

JPN : Qelles sont vos premières impressions après cette manifestation citoyenne ?

 

JFAK : D’abord, c’est un sentiment de satisfaction. Un sentiment de satisfaction à plusieurs titres.

 

D’abord, parce que des compatriotes sont venus et certains sont venus de très loin, d’autres de pays étrangers même, Belgique, Luxembourg notamment. Et, les compatriotes qui étaient là, étaient déterminés.

 

Et la deuxième raison, c’est sur le contenu, ce qui a été dit. Il y a une détermination qui est là des Centrafricains et qui veulent combattre jusqu’au bout sur une revendication simple et que chacun peut comprendre à travers le monde, c’est récupérer son pays, être à la direction de son pays et vivre heureux dans son pays.

 

JPN : Ce grand rassemblement unitaire des Centrafricaines et des Centrafricains visait, en réalité, à dénoncer l’ingérence du Tchad dans les affaires intérieures de la République centrafricaine. Quel message voulez-vous exactement porter à l’endroit de la communauté internationale ?

 

JFAK : Mais c’est un message que j’ai déjà donné tout à l’heure dans ma réponse à la première question, c’est de dire que les Centrafricains à partir de maintenant demandent à être chez eux en République centrafricaine les maîtres de leur destin. La terre de Centrafrique appartient aux Centrafricains et à eux seuls. Le gouvernement de Centrafrique, le commandement en Centrafrique appartient aux Centrafricains et à eux seuls. Et s’ils veulent le donner à un dirigeant, c’est eux qui le donnent, mais même ce dirigeant qui a été élu n’est pas le propriétaire de ce pays.

 

Ils n’en sont pas les propriétaires aujourd’hui. Ce message là qui est que nous l’avons adressé au Tchad d’abord parce que chaque Centrafricain sait combien le Tchad, c’est-à-dire les gouvernements successifs du Tchad se sont immiscés dans nos affaires pour protéger non pas les Centrafricains mais leurs propres intérêts. Et c’est ce qui a été, ce qui est dans notre mémorandum qui va être remis aux autorités tchadiennes sera en même temps remis à toutes les autorités de la communauté internationale parce que pour nous il s’agit d’informer le monde entier que maintenant nous n’accepterons plus d’ingérence. Nous voulons prendre la direction de notre vie, de notre destin et l’avenir de nos enfants nous-mêmes.

 

Et donc voilà ce message là, il s’adresse au Tchad, mais il s’adresse aussi au Rwanda, il s’adresse aussi à la Russie qui chez nous agit à travers les Wagner. Et il s’adresse à ceux qui sont là aujourd’hui, il s’adresse aussi à ceux qui hier avaient ce comportement dans notre pays, c’est le cas du pays dans lequel nous sommes ici, la France. La France, le Rwanda, la France hier, le Rwanda aujourd’hui, le Tchad aujourd’hui et aussi aujourd’hui, mais demain également à d’autres pays, nous leur disons ce pays nous appartient.

 

Nous sommes un pays accueillant, c’est notre tradition, c’est notre identité de bien accueillir l’étranger. Mais l’étranger ici, il est dans notre pays, il est dans notre maison, il doit obéir aux lois de notre maison.

 

Et si nous lui faisons des cadeaux ou des largesses, nous le faisons de bon cœur et non pas en étant forcé à le lui faire. Et donc c’est une autre direction et ceci ira aux bilatéraux, tous les États qui coopèrent avec nous, y compris la France, l’Union européenne, les organisations internationales, les Nations Unies, le secrétaire général, le Conseil de sécurité. Ça ira aussi à nos institutions africaines, sous-régionales et continentales, Union africaine, Cemac parce que malheureusement ce que nous constatons, c’est que nous nous appelons pays frères et il y a certains des pays d’Afrique qui se comportent comme se sont comportés ceux qui sont venus nous dominer, nous planter le pied sur notre terre et nous torturer et nous prendre en esclavage et cetera. Et ça il n’en est plus question.

 

Nous sommes ouverts à une coopération harmonieuse avec nos pays frères. Nous sommes d’ailleurs nous avons un destin commun avec le peuple tchadien avec qui nous partageons la géographie et l’histoire depuis très longtemps. Mais nous devons nous entendre dans le respect mutuel et le respect ça commence par le respect de la souveraineté de notre pays et de nos pays.

 

JPN : Et, donc selon vous les principaux objectifs escomptés sont-ils atteints par cette manifestation ?

 

JFAK : Bien sûr les objectifs sont atteints, mais nous sommes dans un combat et nous avons conscience que ce combat sera long. Je ne dis pas seulement je ne dis pas qu’il sera long de d’abattre ce régime. Je dis que le combat devra se poursuivre même après que ce régime soit abattu, c’est pour ça que le combat est long.

 

Donc nous n’avons qu’une sorte de résultat d’étape. Le résultat d’étape est bon, mais il nous appartient maintenant d’amplifier le mouvement et d’abord de faire comprendre ce que les Centrafricains ont dans le cœur et dans les tripes à travers ce mémorandum. Nous allons nous aller partout pour le distribuer partout et pour l’expliquer.

 

Et ensuite le rassemblement unitaire développera d’autres actions qui seront annoncées en temps utiles à nos compatriotes.

 

JPN : Mais disons-le clairement, ce n’est pas pour la première fois que des Centrafricains et des Centrafricaines viennent d’accuser formellement le Tchad d’immixion dans la gestion de leurs affaires. En 2014 déjà de telles dénonciations avaient été faites et s’étaient soldées par le retrait des troupes tchadiennes de la MISCA. Et c’est-à-dire que vous exigez cette fois-ci la même chose, c’est-à-dire le rapatriement des leaders de l’UPC et des 3R dans les jours à venir parce que ces gens-là viennent de signer un dernier accord avec le gouvernement centrafricain ?

 

JFAK : Alors je vais répondre en deux temps.

 

D’abord ce que nous exigeons du gouvernement tchadien, évidemment que nous exigeons que le gouvernement tchadien se retire, mais il faut nous entendre très bien. Ce que nous exigeons aujourd’hui, c’est qu’on n’arrive pas aux dernières extrémités comme en 2014, en avril 2014 quand dans des conditions catastrophiques le Tchad a été obligé de retirer ses troupes et de retirer également certaines de ses populations.

 

Ça nous ne voulons pas arriver à ça.

 

Et donc nous demandons au Tchad aujourd’hui de laisser nos affaires, de nous laisser tranquilles régler nos affaires.

 

Si ça n’arrive pas évidemment la population centrafricaine fera la même chose qu’elle a fait en 2014 et je crains que ça puisse être pire parce que comme nous le disons dans notre mémorandum, ce que nous souhaitons par-dessus tout, c’est de vivre en paix et en harmonie avec notre peuple frère qui est hospitalier, le peuple tchadien. Nous avons conscience de cette hospitalité avec tous les Centrafricains qui sont réfugiés là-bas et qui sont accueillis et qui vivent loin de chez eux dans la peine, mais qui sont aidés par des Tchadiens, par des citoyens tchadiens, par le peuple tchadien.

 

Ce que nous nous levons, nous sommes levés pour faire ici ce n’est pas contre le peuple, c’est pour demander au gouvernement de s’occuper des affaires des Tchadiens, des Tchadiens du Tchad comme la République centrafricaine a des problèmes à résoudre pour que sa population soit bien, pour que sa population puisse se développer, pour que le pays puisse se développer, pour faire face aux dangers pour sa sécurité et cetera. Tous les pays sont confrontés à ces problèmes là, mais nous demandons au gouvernement tchadien au Maréchal du Tchad de se concentrer sur le bonheur de son peuple et de laisser les Centrafricains résoudre leurs difficultés et tracer leur chemin vers leur bonheur dans leur pays.

 

JPN : Au-delà des manifestations telles que nous venons de vivre, au-delà des lives, au-delà des communiqués de presse et des déclarations citoyennes aussi et des mémoranda, de quels autres moyens disposez-vous pour faire entendre et contraindre le Tchad évidemment à enlever les pieds du coup de la République centrafricaine ?

 

JFAK : Alors ce que nos compatriotes ont vu jusqu’à maintenant depuis le 5 avril, ils ont vu des déclarations, ils ont vu les communiqués, ils ont vu les interviews radio et télévision, ils ont vu des manifestations.

 

Ce sont la face visible de l’action du rassemblement unitaire. Le rassemblement unitaire agit en profondeur, il n’a pas besoin de crier ce qu’il fait.

 

Nous avançons et nous aboutirons quelles que soient les conditions. Le Tchad se dégagera des problèmes centrafricains et arrêtera avec son ingérence. Nous préférons que le gouvernement du Tchad le fasse de sa propre volonté pour qu’il n’y soit pas forcé plus tard.

 

JPN : Que proposez-vous concrètement pour que la paix et la sécurité reviennent définitivement aux frontières de ces deux pays afin de permettre le retour de tous les exilés et la mise en œuvre d’une coopération économique et sociale harmonieuse ?

 

JFAK : Alors comme nous le disons dans le mémorandum, la première des exigences des Centrafricains, de nous Centrafricains, c’est de pouvoir vivre en paix dans notre pays entre nous. Et donc vivre en paix ce n’est pas la voie qui est prise. C’est d’abord que la justice passe.

Aujourd’hui nous sommes en train de parler après que la Cour pénale internationale, son jugement soit passé sur deux Centrafricains, deux leaders anti-balakas qui ont été condamnés à 15 et à 12 ans.

 

Pendant ce temps là le Tchad force à faire entrer dans notre gouvernement, c’est-à-dire à dérouler le tapis rouge et à leur donner le commandement sur nous-mêmes à des étrangers. Ce n’est pas le chemin de la paix, ce n’est pas le chemin de la concorde en République centrafricaine.

 

Nous demandons à ce que les autorités tchadiennes cessent aussi parce que ce dont notre pays a besoin, c’est qu’on puisse réunir tous ses fils et toutes ses filles et qu’on puisse y ajouter les étrangers qui sont venus s’installer chez nous.

 

Ça s’appelle un dialogue inclusif, un dialogue inclusif et exigeant pour ensuite arriver à tracer un chemin d’avenir entre ces pays en ayant rapatrié tous ceux qui ne sont pas Centrafricains chez eux.

 

Et aujourd’hui au moment où nous parlons l’exigence est une exigence de justice.

 

Pour moi après cette condamnation à la Cour pénale internationale, nous ne pouvons pas faire autrement que de demander l’égalité entre les justiciables. Ceux-là ont été jugés par la CPI, tous les chefs de groupes armés opposés à la CPI et Ali Darassa doivent aller devant la Cour pénale spéciale y compris les soldats de ces pays à savoir les combattants, avec eux, et le ministre de la justice lui aussi. Mais les Centrafricains on pourra discuter avec eux mais c’est pas la priorité.

 

Ce qu’il faut c’est qu’il y ait d’abord que les étrangers qui ont sévi chez nous qui ont fait couler le sang qu’ils paient le prix aussi fort au minimum que des Centrafricains, des fils du pays dans le pays.

 

JPN : Aors quelle sera donc la suite de cette manifestation et votre mot de la fin ?

 

JFAK : Mon mot de la fin, la suite de la manifestation d’abord. Pour la suite de la manifestation, nous avons un mémorandum.

 

Le lundi, le bureau du Rassemblement Unitaire ira déposer ce mémorandum à l’ambassade du Tchad d’abord et ensuite ira le déposer dans toutes les institutions dans toutes les institutions qui comptent et l’enverra évidemment à ceux qui sont les autorités de notre pays aujourd’hui. Et puis pour le reste, c’est ce que je disais tout à l’heure, le rassemblement unitaire travaille à une série de travaux et travaille en profondeur.

 

Il y a des choses dont nous ne parlons pas, je ne peux pas parler ici.

 

Et pour ce qui concerne la prochaine étape de l’action publique, nous en informerons comme nous le faisons d’habitude. Et mon mot de la fin est un mot d’espérance. Et c’est un mot je dirais d’unité d’abord.

 

Nous Centrafricains, nous sommes arrivés à ce résultat seulement parce que nous l’avons permis par notre désunion. Ce combat est le combat de tous les Centrafricains, les Centrafricains en tant que citoyens de ce pays.

 

Peu importe qu’ils appartiennent à une organisation ou pas, peu importe qu’ils viennent de telle région ou pas.

 

Unité, unité et le rassemblement unitaire aura comme je l’ai dit tout à l’heure une politique de main tendue en permanence aujourd’hui, demain, après-demain, nous aurons toujours cette main tendue parce que nous sommes convaincus que ensemble ce n’est qu’ensemble que nous pourrons réussir et nous sommes convaincus aussi qu’ensemble nous abattrons ce régime et ce qui est la condition d’une transformation y compris de nos relations avec nos pays voisins.

 

JPN : Je vous remercie.

 

JFAK : C’est moi qui vous remercie.

 

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