Centrafrique : mais qu’attend donc l’opposition démocratique pour organiser le Dialogue Politique Inclusif tant attendu et tant souhaité par tous ?

 

S’il y a un événement qui aura marqué à jamais d’une pierre noire la première année du magistère de l’Imposteur de Bangui, après les élections groupées du 27 décembre 2020, singulièrement marquées par de graves et flagrantes irrégularités, les attaques des groupes armés et desquelles plus de 300.000 Centrafricains ont été délibérément exclus, avec la complicité manifeste de la communauté internationale, à savoir l’Onu par le truchement de la Minusca et Mankeur Ndiaye, l’Ue, la France, les Etats – Unis, l’Ua, la Ceeac, la CIRGL et la Cemac, c’est bel et bien cette illégitimité indiscutable du pouvoir de Bangui qui a maintenu la République et ne cesse de plonger sa tête, dans des conditions dantesques, depuis la proclamation des résultats par une cour constitutionnelle aux ordres.

De tradition, les fins d’année étant propices et formellement consacrées aux compte-rendus bilanciels et aux prophéties futuristes, l’Imposteur de Bangui dont le pouvoir a été indubitablement volé, usurpé et imposé, s’est efforcé de dresser un bilan plus ou moins idyllique, en s’appropriant sans aucune honte la paternité des réalisations de certains programmes et projets financés par les partenaires techniques et financiers internationaux de la République centrafricaine, et de s’engager à vaticiner l’avenir en formulant de nouvelles promesses pour les années lui restant à gouverner. Comme toujours depuis le 30 mars 2016 où il était arrivé par effraction aux commandes des affaires de la cité, ce n’est et ne restera qu’une litanie de vœux pieux

En effet, depuis 2016, les « annus horribilis » se suivront et se ressembleront. Du fait du refus de Touadéra d’organiser un dialogue politique inclusif tant annoncé, tant souhaité et tant exigé avant pendant et après les désastreux scrutins du 27 décembre 2020, par toutes les forces vives de la nation, les institutions nationales, la cour constitutionnelle y comprise, les confessions religieuses, la société civile dénommée « La COSCIPAC », l’Onu, la France, les Etats – Unis, l’Ue, la Ceeac, la CIRGL et la Cemac, et en considération des crimes de guerre et de crimes contre l’humanité perpétrés par les mercenaires du Groupe Wagner et rwandais qui travaillent au renforcement du pouvoir de Bangui par le règne de la terreur, les ruptures et solutions aux difficultés attendues des Centrafricains ne seront jamais réellement été au rendez-vous. Le manque de transparence dans la gestion des ressources publiques, la gabegie, la flopée de détournements de deniers publics et l’impunité politique et judiciaire, la gestion ethnique, clanique et familiale continueront de caractériser la gouvernance du « Mathématicien de Boy – Rabé ».

A cela s’ajouteront la manipulation permanente de la justice et la mise au pas d’une assemblée nationale entièrement assujettie à l’exécutif. Et cela ne sera pas sans conséquence dans la quiétude du pays. L’embrasement du pays, depuis les attaques de la ville de Bangui par les rebelles de la CPC le 13 janvier 2021, suite à la dénégation claire de la politique de main tendue de l’opposition démocratique et des groupes armés signataires de l’APPRCA du 6 février 2019, à travers la tenue d’une table ronde entre toutes les filles et tous les fils du pays, qui s’obstine à se manifester « in dies singulos », en dépit de la demande d’une déclaration de cessez – le – feu formulée par la feuille de route de Luanda, dans nos préfectures, nos sous – préfectures, nos communes et nos villages, par de fréquents et violents affrontements entre les Faca soutenues par leurs supplétifs russes et rwandais et les forces coalisées de la CPC, sous la coordination générale de l’ancien président François Bozizé Yangouvonda, ne connaitra pas de sitôt un répit et une véritable accalmie, tant Touadéra n’acceptera jamais de s’asseoir autour d’une table avec ses compatriotes pour une gestion consensuelle, in fine, des affaires de la cité.

Par conséquent, au lendemain de la mise en bière de l’année tragique 2021 et son enterrement, on ne tergiversera pas pour qualifier  l’année 2022 d’une autre « annus horribilis ». Car en fonction de la rectitude de Touadéra, il s’en suivra toute une péripétie de manipulations politico-judiciaires pour plonger le pays dans des violences plus abominables et inhumaines que celles que nous avions vécues en 2020 et 2021. C’est pourquoi, afin de tourner définitivement cette page sombre de notre histoire, mettre terme à l’ère des violences sans fin, en finir avec la politique d’exclusion et de restrictions des libertés individuelles et publiques, réconcilier les Centrafricains entre eux de l’est à l’ouest du sud au nord, remettre un pays isolé diplomatiquement et verrouillé financièrement, debout, pour l’imposer courageusement dans le concert des nations démocratiques et civilisées, et semer les graines de l’espoir et de la renaissance de la vie dans le cœur de tous, l’opposition démocratique et la COD – 2020 doivent se réveiller de leur nuit momentanée de sommeil et prendre « hic et nunc » leurs responsabilités. En décidant d’organiser dans les meilleurs délais ce dialogue politique inclusif, seule solution à la crise centrafricaine, non pas sur le territoire national mais à l’étranger afin de mettre un terme à l’impasse totale dans laquelle se trouve aujourd’hui la feuille de route de Luanda du 17 septembre 2021.

Ce jour – là, après quelques heures d’échanges, les quatre (4) chefs d’Etat présents, dans la capitale angolaise, et les représentants de gouvernements de la région des Grands Lacs se sont mis d’accord sur la feuille de route proposée par la RCA, l’Angola et le Rwanda et ont réitéré la nécessité de revitaliser l’Accord politique pour la paix et la réconciliation, négocié en février 2019 à Khartoum, au Soudan. Pour ce faire, ils ont exhorté, les autorités centrafricaines à déclarer un cessez-le-feu afin d’ouvrir la voie à des discussions de sortie de crise. Mais, alors que toutes les forces vives de la nation, les groupes armés et la communauté internationale s’attendaient à ce que ces recommandations fussent mises en œuvre immédiatement, il faudrait patienter presqu’un mois au plus tard, c’est – à – dire le 15 octobre 2021, pour en arriver là. « Je viens vous annoncer ce soir la fin des opérations militaires sur l’ensemble du territoire national, à compter de ce jour à minuit », a annoncé ce jour – là M. Touadéra à la radio d’Etat, ajoutant : « Le cessez-le-feu unilatéral immédiat est la démonstration (…) de ma ferme volonté de privilégier la voie du dialogue. »

En somme, des engagements du bout des lèvres, car prisonnier des mercenaires du Groupe Wagner accusés par le Groupe des experts de l’Onu dans un rapport du 25 juin 2021 d’avoir commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité en Centrafrique, Touadéra continuera d’organiser des marches de désinformation et de manipulation de l’opinion contre la France, la Minusca et son personnel et d’emmerder les opposants en leur interdisant le droit d’aller et venir, au point où ces derniers ont été obligés de retirer leurs représentants au sein du comité de préparation du DPR. Un vrai coup de maître qui aura le mérite d’irriter l’Imposteur de Bangui qui espérait par-là, à savoir par la présence des représentants de l’opposition démocratique au sein de ce « Machin » légitimer son pouvoir usurpé, et bloquer la tenue du DPR, selon le format voulu par son initiateur.

« Dans la même veine, j’ai souhaité que le Dialogue républicain soit organisé avant la fin de cette année pour nous permettre d’entrer dans la nouvelle année les cœurs légers, battant à l’unisson et disposés à de bonnes actions pour le bien de tous. Malheureusement, tirant prétexte d’une demande de levée d’immunité parlementaire, régulièrement introduite par la justice et concernant trois Députés de la Nation, une partie de l’opposition démocratique a retiré ses représentants du Comité d’organisation du Dialogue, paralysant ainsi le fonctionnement dudit Comité. Je tiens à rappeler, afin qu’on n’en ignore, que notre Constitution consacre de manière péremptoire l’indépendance de la justice et l’égalité de tous les citoyens devant la loi, sans distinction de race, d’origine ethnique, de région, de sexe, de religion, d’appartenance politique et de position sociale. Arrêtons de prendre en otage notre pays pour satisfaire des intérêts personnels ou étrangers.», dira – t – il dans son message de fin d’année 2021 à la nation.

Mais qui a pris la République centrafricaine et le peuple centrafricain en otage depuis le 30 mars 2016 ? Qui est responsable de l’impasse dans laquelle se trouve la feuille de route de Luanda ? La réponse de Thierry Vircoulon, chercheur associé au centre Afrique de l’Ifri, à ces pertinentes questions, est sans appel : « Cette feuille de route prévoyait qu’il y ait l’ouverture d’une négociation avec les groupes armés et que simultanément, il y ait aussi un dialogue républicain. Donc, en fait, elle prévoyait une double négociation avec l’opposition armée et avec l’opposition démocratique. Rien de cela n’a pu être mis en œuvre, l’année dernière. La situation sur le terrain est restée la même, avec des affrontements qui continuent, et donc, il n’y a pas eu de cessez-le-feu ou cessation des hostilités. Et puis, du côté du dialogue républicain, eh bien comme les grandes figures de l’opposition démocratique ont été intimidées, l’année dernière, elles ont toutes fui le pays. Actuellement, il n’y a pratiquement plus de grandes figures de l’opposition centrafricaine, en Centrafrique. C’est une impasse totale puisqu’aucune condition n’est en place pour que cette feuille de route puisse avancer et produire quelque chose ».

Face, donc, à cette situation de blocage, une belle et alléchante opportunité s’offre enfin à l’opposition démocratique centrafricaine, celle de prendre résolument sa revanche sur l’histoire, la culpabilité du représentant spécial du secrétaire général de l’Onu Mankeur Ndiaye dans le rôle manifestement néfaste joué par ce dernier tout au long du processus électoral et qui a eu pour effet d’aboutir à des élections bâclées le 27 décembre2020 avec les conséquences que nous connaissons tous aujourd’hui à savoir la recrudescence de la violence armée, et sur la responsabilité directe de la communauté internationale, l’Onu, l’Ue, la France, les Etats – Unis, l’Ua, la Ceeac, la CIRGL et la Cemac, dans l’assassinat de la jeune démocratie centrafricaine. Tout comme leurs prédécesseurs en 1979 et en 1993 qui s’étaient mobilisés pour en finir avec les régimes de l’empereur Jean – Bedel Bokassa 1er et du général d’armée André Kolingba, l’heure est venue pour eux de dépasser leurs égos pour se mettre, tel un soldat, au service de la République, et organiser la tenue de ce dialogue politique inclusif, à l’extérieur, avec ou sans Touadéra.

La rédaction

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