Centrafrique : En retrait à Bangui, Wagner se consolide en province

 

Centrafrique : En retrait à Bangui, Wagner se consolide en province

Alors que la société militaire privée américaine Bancroft avance ses pions en Centrafrique, le groupe Wagner se renforce dans l’arrière-pays et Moscou reprend le contrôle des paramilitaires russes dans la capitale.

Les paramilitaires russes de Wagner renforcent sensiblement leur dispositif de sécurité à
Ndassima, située près de Bambari, dans la préfecture de la Ouaka. Il s’agit de la plus grande mine d’or de Centrafrique, qu’ils contrôlent depuis leur arrivée dans le pays en 2018 (AI du 18/05/20). Ces dernières semaines, des personnels russes plus nombreux qu’à l’ordinaire ont également été aperçus à proximité ou sur des sites aurifères situés dans l’ouest, le nord et le centre du pays : à Baoro (Nana-Mambéré), Ndélé (Bamingui-Bangoran) et Kaga-Bandoro (Nana-Grébizi).

Ces mouvements stratégiques du groupe Wagner dans l’arrière-pays, aux abords de leurs sites miniers, interviennent à l’aube de l’installation de la société militaire privée américaine Bancroft Global Development, à Bangui (AI du 08/01/24).

En pleine saison sèche – période propice aux combats puisque les routes redeviennent praticables –, l’augmentation des effectifs de Wagner accentue les conflits avec les différents groupes armés actifs dans l’arrière-pays. Début décembre, des négociations avaient été entamées au Tchad entre les autorités centrafricaines et le chef rebelle du Mouvement patriotique pour la Centrafrique (MPC), Mahamat al-Khatim, en vue de la démobilisation de son groupe armé.

Manque de coordination

Quelques jours plus tard, les paramilitaires russes ont attaqué des membres du MPC sur le chantier minier de Markounda, situé dans le nord-ouest du pays. Si les informations concernant le bilan de l’attaque sont parcellaires, le beau-père du chef rebelle en passe de déposer les armes a été tué lors de cet affrontement. Depuis, les négociations avec le gouvernement centrafricain sont au point mort et le MPC a finalement choisi de rester au sein de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), plus divisée que jamais (AI du 27/07/23).

L’épisode malheureux est révélateur d’un manque de coordination croissant entre les paramilitaires opérant sur le terrain et le commandement de Wagner situé à Bangui. Le groupe est d’ailleurs en recul depuis plusieurs semaines dans la capitale. Reconnaissables à leurs treillis militaires et cache-nez, les éléments ont laissé place à d’autres recrues rattachées au ministère russe de la défense ou encore aux services de renseignement extérieur. En septembre, puis en novembre, des officiers du ministère de la défense russe se sont rendus à Bangui sans rencontrer les représentants locaux de Wagner, Dmitri Sytyi, toujours en poste, et Vitaly Perfilev, aperçu pour la dernière fois à Bangui le 15 novembre.

Depuis la mort du fondateur de Wagner, Evgueni Prigozhin, et de son bras droit militaire Dmitri Utkin, en août dernier, l’État russe reprend en main les activités du groupe en Afrique, et particulièrement en RCA.

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