Centrafrique : du casting gouvernemental et des défis à relever : un pari risqué pour Touadéra

DU CASTING GOUVERNEMENTAL ET DES DÉFIS À RELEVER : UN PARI RISQUE POUR TOUADÉRA
1. C’est confirmé le Fonds Monétaire International (FMI) n’a pas octroyé au Gouvernement centrafricain la précieuse lettre de conformité qui lui aurait permis d’avoir accès aux facilités de crédits et autres appuis budgétaires. Le FMI annonce, comme nous l’avons anticipé, la fermeture du robinet pour juin 2021.
2. Dès lors, la priorité pour TITTORENKO, le patron de TOUADÉRA, sera de trouver un excellent Premier Ministre (PM) qui dispose d’un réseau international très dense, qui rassure les partenaires techniques et financiers, qui soit un véritable bourreau de travail, un stakhanoviste des heures supplémentaires au bureau. En dehors du PM, il faudra au gouvernement à venir disposer de neuf (9) ministres brillantissimes pour éviter que le pays ne sombre dans l’apocalypse : celui des affaires étrangères ; celui de l’économie, du plan et de la coopération ; celui des finances et du budget ; celui de la défense ; celui de sécurité publique ; celui de la santé ; celui de l’aide humanitaire ; celui de la fonction publique ; celui des relations avec les institutions républicaines.
3. Ces neuf (9) ministres plus le PM devront être des hommes et des femmes expérimentés, aguerris, reconnus pour leur expertise au niveau international, car les 100 premiers jours du nouveau gouvernement seront décisifs.
D’abord et avant tout, il lui faudra trouver très rapidement une solution pour payer les salaires fonctionnaires, les pensions des retraités, les bourses des étudiants, les indemnités des députés et la solde des porteurs de tenues. Sans compter le service du remboursement de la dette qui ponctionne une bonne partie des dépenses de l’État.
4. Si une solution n’est pas trouvée assez rapidement, on foncera droit dans le mur. Si les militaires, gendarmes et policiers ne perçoivent ni leurs soldes ni leur PGA, alors que dans le même temps les mercenaires russes et rwandais perçoivent des traitements de rois (au moins 6 millions chacun par mois), ça risquerait de dégénérer en mutinerie. Mme Marie-Noëlle KOYARA serait bien incapable de contenir la colère des FACA. Le pays pourrait basculer avec une ministre de la défense et un ministre de la sécurité publique haïs par les éléments de base.
5. Si le ou la ministre des finances est rigoureux, il procédera à une réduction des indemnités des députés, des conseillers économiques et sociaux, des ministres du gouvernement, du Chef de l’État et des fonds spéciaux. Cette cure d’austérité risquerait de produire de la casse sociale, des dégâts énormes. Il n’est pas évident que les députés nouvellement débauchés par le MCU aient alors encore envie de rester et soutenir le groupe parlementaire MCU qui procède à des coupes dans leurs indemnités réduites à la portion congrue.
6. Si le futur PM est conséquent avec lui-même, il devrait augmenter les impôts, les taxes et les prélèvements obligatoires, voire en créer de nouveaux. Tout ça pour augmenter les recettes de l’État en élargissant l’assiette fiscale. Mais c’est là que les ministres de la fonction publique, du commerce, des PME et de l’artisanat vont avoir de graves problèmes avec les syndicats des travailleurs, le patronat et les mouvements sociaux animés par les étudiants, les retraités, les chômeurs, les travailleurs, les organisations de la société civile. Toutes ces mesures impopulaires et douloureuses sont nécessaires et sans elles ce sera le chaos. Seuls des ministres aguerris et bosseurs pourront supporter la pression et éviter le maximum de fautes graves. Il va sans dire qu’à ce stade tout scandale financier de corruption de ministres, de députés du camp présidentiel, des proches du président de la république fera le même effet qu’une étincelle dans un baril de poudre. Déflagration sociale garantie.
7. L’augmentation des cas d’infection au coronavirus va mettre sous tension tous les centres de santé, donc les personnels soignants. Les budgets santé des familles vont exploser et les gens vont mourir comme des mouches, sauf si nous avons un véritable ministre des affaires humanitaires, pas du genre boutiquière comme c’est le cas avec l’actuel titulaire du poste, Virginie BAÏKOUA. Il faudra un ou une ministre capable d’aller chercher des financements avec les dents pour soulager la souffrance et la détresse des gens, sans quoi nous aurons une hécatombe démographique.
8. Vu le tempérament atone et permissif de TOUADÉRA, il risque de ne pas prendre en considération cette réalité et nommer par complaisance ses proches parents gbakamandja, ses amis intimes les plus incompétents et ses griots favoris qui ne manqueront pas de nous conduire droit dans le mur.
9. Et si en plus du côté sécurité, on assiste à une hausse de l’intensité des combats, vu que jusqu’à présent, il n’y a pas de combats, alors là on courra vers la catastrophe. Donc pour ma part, je vais guetter les nominations du PM et des neufs ministres clés pour voir si TOUADÉRA veut essayer de sortir le pays du désastre ou si au contraire il veut hâter notre chute vers la géhenne. À partir du 4 Mai 2021, les choses vont s’accélérer.
NB: Je n’ai pas pris en compte dans cette brève analyse les fluctuations des produits pétroliers souvent sources d’inflation, ennemie jurée des régimes fragiles comme la RCA.
Fari Tahéruka SHABAZZ

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