Centrafrique : Ce que je pense de l’acharnement des tenants du pouvoir contre le député Dominique Ephrem Yandocka

CE QUE JE PENSE DE L’ACHARNEMENT DES TENANTS DU POUVOIR CONTRE LE DÉPUTÉ DOMINIQUE YANDOCKA

Je traine souvent les pieds quand il est question de réagir aux « sarandjineries », qui ne sont autres que le comportement lunaire de Simplice Mathieu Sarandji.

Les imbrications et les brassages de nos communautés centrafricaines sont elles qu’on a parfois pas d’autres choix que de subir certains liens amicaux ou familiaux nocifs.

Pour tout dire, mon grand père maternel a eu trois enfants avec la grande sœur de lait du président de l’Assemblée nationale. Ainsi, ai-je deux tantes et un oncle qui sont les nièces et le neveu de ce dernier. Et puis, d’aussi loin que remontent mes souvenirs, sa sœur, d’une rare tendresse (qui est ma grand-mère selon notre tradition), ne m’a jamais appelé autrement que « mon chéri ».

On comprend donc pourquoi je me garde généralement de parler des « sarandjineries » pour ne pas gêner ou blesser des gens que j’aime. Car au-delà des divergences politiques, on reste des humains, faits de chair et de sang. Comme un fleuve, chacun a sa source.

Cela étant précisé, le refus de Simplice Mathieu Sarandji de délivrer une autorisation de sortie du territoire centrafricain au député Dominique Yandocka au prétexte qu’il aurait perdu son fauteuil suite à sa honteuse condamnation a l’allure d’une farce.

En tout cas, le mépris du droit, des principes républicains et des règles de bienséance des tenants de ce régime est proprement sidérant. Et leur incompétence de la gestion de la chose publique a quelque chose d’effrayant. À l’évidence, leur désir est de liquider physiquement Dominique Yandocka. En plus de l’injustice dont il a été victime, ces gens souhaitent surtout aller danser sur sa tombe. Comme ils l’ont fait cyniquement sur celle du Démocrate Joseph Bendounga, en organisant, contre ses dernières volontés, une soi-disant cérémonie d’hommage. Ce, en dépit du pied de nez de ce patriote authentique leur a infligé.

Que craignent-ils en réalité? D’être demasquer et de ne pas reussir leur coup. La vérité, c’est qu’on ne peut s’empêcher de penser que leurs sbires russes ont probablement inoculé un poison à Yandocka pendant sa détention. Donc, ils redoutent de le laisser quitter le territoire pour ne pas qu’un laboratoire à l’étranger puisse détecter la substance et sauver la vie de ce compatriote.

Certes, leur objectif est de ravir, tels de gangsters, le siège de député de Dominique Yandocka. N’avons-nous pas écouté l’individu sis au palais de la Renaissance déclarer aux militants du quatrième arrondissement de la ville de Bangui, peu après le début de la séquestration de Yandocka que « c’est une honte qu’un opposant soit leur député »? Or, il ne suffit pas de lorgner sur un bien d’autrui pour devenir automatiquement son propriétaire.

Sans entrer dans un débat juridique, n’importe quel étudiant de première année de droit ( même de l’université de Bangui) sait que Yandocka n’a nullement perdu son siège de député, malgré ses douze mois de détention. À plus forte raison le président de l’Assemblée nationale, une institution censée élaborer les lois. D’ailleurs, contrairement à Yandocka, qui a été véritablement élu, Simplice Mathieu Sarandji doit son siège à l’Autorité nationale des élections (ANE). On se souvient qu’il a été déclaré vainqueur d’un scrutin fantôme. Ici, on est en présence du vice qui nargue la vertu.

L’erreur majeure de Sarandji et compagnies c’est de croire bêtement que ce régime est éternel. Ils semblent aveugles aux leçons qu’offre l’insaisissable et mouvante vie politique centrafricaine. On a déjà vu des puissants du moment, un moment bien souvent trop éphémère, raser les murs. Quand vient l’heure de la chute, inéluctable, ces puissants ne sont souvent que l’ombre d’eux-mêmes. À quoi cela sert-il de jouer les intéressants ou d’agir par pure méchanceté, quand on sait qu’il y a rien de définitif sous le soleil? Et qu’aux succès peut prendre place l’infortune? Et que le bonheur présent n’est que l’autre face du malheur futur?

J’ai beau tourner la question sous toutes les coutures mais je ne parviens toujours pas à comprendre l’attitude de Sarandji. Voilà un homme auquel la vie a tout donné, y compris des avantages immérités, mais qui fait preuve d’une méchanceté inouïe. Il se comporte comme s’il avait une revanche à prendre sur l’existence. Pire, il se dit chrétien. Pour la petite histoire, quand je suis rentré d’exil en 2014, j’ai découvert qu’il fréquentait, comme moi, l’Eglise protestante Christ Roi, dont mon paternel est l’un des pionniers. Comment peut-on prétendre être chrétien, assister à la messe tous les dimanches, et avoir une telle attitude vis-à-vis de ses semblables? Alors que le fondement de l’enseignement de Jésus Christ est l’amour: aimes ton prochain comme toi-même et aimes ton Dieu de tout ton cœur.

Je ne suis pas en train de dire que Dominique Yandocka serait exempt de tout reproche et qu’il serait un saint, loin s’en faut, mais j’estime qu’il fait l’objet d’un acharnement inadmissible, qui heurte la conscience de tous les hommes normalement constitués de la part du pouvoir. Albert Camus disait qu’un homme, ça s’empêche. S’il pense être un homme, un vrai, Sarandji doit s’empêcher de jouer les porte-flingues de l’autre. J’ai dit!

Fait le 18 janvier 2025

Adrien Poussou

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