
L’attitude des multinationales qui jouent à la sourde oreille, doit être une interpellation pour les dirigeants africains
La question est de savoir si ce coup de sang du Ghana et de la Côte d’Ivoire, sera salutaire pour la cause des planteurs africains. L’histoire nous le dira. En attendant, il était nécessaire que le message soit entendu aussi bien au niveau des partenaires internationaux que de l’opinion publique à travers une action forte et remarquée. Laquelle a consisté, en l’occurrence, à adopter cette politique circonstancielle de la chaise vide. Au-delà, ce boycott de la rencontre de Bruxelles par les deux géants africains de la filière, sonne comme un plaidoyer en vue d’un meilleur rééquilibrage des termes de l’échange. L’objectif étant d’interpeller la conscience de l’opinion internationale et d’amener les multinationales du Nord à revoir leur copie. On peut douter que ce seul boycott d’une réunion, soit suffisant pour faire bouger les lignes dans le sens espéré. Mais c’est déjà un pas et un acte qui devraient en appeler d’autres. Car, pour des pays qui pèsent à eux deux, plus de 60% de la production mondiale de cacao, il est incompréhensible que les producteurs continuent de ne bénéficier que de miettes, avec plus de la moitié d’entre eux qui vit sous le seuil de pauvreté. Ce, au moment où certains acteurs de la chaîne accumulent de super profits. Il faut que ça change. Et ce n’est pas en restant les bras croisés que les pays africains se donneront les meilleures chances d’obtenir gain de cause. Cela dit, autant ce combat pour plus de justice dans les termes de l’échange mérite d’être mené, autant il est impératif de travailler en amont, à assainir le milieu de la filière. En tout état de cause, l’attitude des multinationales qui jouent à la sourde oreille, doit être une interpellation pour les dirigeants africains, à beaucoup plus d’ambitions. Il s’agit, ici, de se donner les moyens de développer la filière en vue de la transformation du cacao qui devrait être beaucoup plus porteur pour nos économies. Moins que de moyens, c’est une question de volonté politique.
Outélé KEITA
Le Pays