
Fier de la réussite de son mot d’ordre à la désobéissance civile, lancé et largement observé la semaine dernière, au lendemain du massacre de l’église de Fatima, le Groupe de Travail de la Société Civile en abrégé GTSC a décidé d’enfoncer le clou, en décrétant dans un premier temps une nouvelle opération « ville morte », les journées du mercredi 9, du jeudi 10 et du vendredi 11 mai 2018, et en ne retenant dans un deuxième temps que seule la journée du mercredi.
Une décision qui a été prise, après une rencontre avec le premier ministre Sarandji et quelques membres de son gouvernement, au cours de laquelle aucune garantie de prise en compte de ses différents points de revendication ne lui a été donnée.
C’est donc dans le but de contraindre le gouvernement Sarandji qui ne cessait de lui demander de lever son mot d’ordre sans aucune proposition sérieuse de mesure de sécurisation et de neutralisation de toutes les bandes armées sans exclusive, d’une part, et de demander à la Minusca de se conformer scrupuleusement aux termes de son mandat, sous le chapitre VII de la charte de l’Onu, d’autre part, que ses leaders ont déclenché cette nouvelle opération.
Mais, même si celle – ci n’a pas eu le même résultat retentissant que la première, il n’en demeure pas moins cependant que l’objectif visé par les organisateurs semblent avoir été tout de même atteint : paralyser le fonctionnement de l’Etat, de l’administration et des institutions républicaines. A ce sujet et à titre d’illustration, le ministère des finances et du budget et les principales banques de la place sont restées hermétiquement fermées. Il en est de même pour la plupart des départements ministériels dont celui de la fonction publique où il n’était signalé que la présence de 15 agents, et les organismes privés dont les portes n’étaient pas ouvertes. Même pour les départements ministériels et autres institutions qui ont connu quelques affluences, aucun rendement de travail en terme de traitement des dossiers dans les parapheurs n’a été possible puisque tous les présents avaient leur tête ailleurs et étaient aux aguets.
La situation était plus compliquée et s’apparentait étrangement à une belle réussite dans tous les organismes du système des nations unies où il a été sommé au personnel non essentiel de rester à la maison. Le summum de l’apothéose, à ce propos, a été constaté à la Minusca qui passe pour le premier partenaire de la République centrafricaine et des autorités légales et légitimes, dans le domaine de la crise sécuritaire actuelle.
Alors que l’on s’attendait tout naturellement à ce que le représentant spécial du secrétaire général des nations unies, en l’occurrence Onanga Anyanga, puisse joindre sa voix aux cris de détresse des thuriféraires du régime et de leurs laudateurs en faveur du boycott de cette journée, grande a été la surprise de tous les combattants de l’entendre demander au personnel civil de la Minusca de rester à la maison.
N’est – ce pas là un acte de soutien manifeste à la cause défendu par le GTSC et les organisateurs de cette journée « ville morte » ? Qu’en pensent alors Touadéra et Sarandji ? Ne dit – on pas que l’on reconnait ses amis dans le malheur ? Et l’ami de ton ennemi n’est – il pas ton ennemi ?
Telles sont les pertinentes questions auxquelles le régime de Bangui doit hic et nunc répondre en tentant sans complaisance de mettre en exergue la complicité de la Minusca dans l’alimentation de cette crise, s’il veut éviter un éventuel soulèvement populaire.
Jean – Paul Naïba