
Conformément aux dispositions de l’article 89 de la constitution du 30 mars 2016, la séance parlementaire du mercredi 12 décembre 2018 a été consacrée à l’interpellation du gouvernement. Étaient présents le premier ministre Simplice Matthieu Sarandji, le ministre des affaires étrangères Charles Armel Doubane qu’assistait son collègue de la défense nationale Marie Noelle Koyara et bien d’autres membres du gouvernement. L’ordre du jour portait exclusivement sur l’état d’avancement du processus de paix de l’initiative africaine.
Après l’intervention toujours tonitruante du locataire de la Tour de Pétroca et les explications techniques, d’abord développées et soutenues par le ministre des affaires étrangères, ensuite étayées par Madame la ministre de la défense nationale, il est ressorti de manière incontestable et incontestée que ledit processus dont l’acte générateur a été signé à Libreville en juillet 2017, peine à progresser vers le sens voulu par tous, alors que dans le même temps les violences et les attaques ne cessent de s’aggraver tous les jours que Dieu fait, avec leurs dramatiques conséquences que sont des pertes en vies humaines, et des actes de graves atteintes aux droits humains suivis par des pillages, des destructions des biens publics et privés et des milliers de familles déplacées. Les éléments constitutifs du blocage qui se fonde sur la non – appropriation politique de la feuille de route par les chefs d’Etat de la CEEAC et l’absence totale de volonté et de courage politiques de la part des autorités centrafricaines, ont pour noms difficultés à nommer un facilitateur commun, à désigner un lieu, à fixer une date et à boucler le budget de la rencontre .
S’agissant du facilitateur, il faut noter que l’UA et l’ONU ont déjà proposé une personnalité, mais seulement ce choix n’était pas du goût des autorités centrafricaines qui voudraient bien que cette responsabilité leur incombât, à partir d’une proposition de trois (3) candidatures. En ce qui concerne le lieu, le Soudan, la Guinée – Équatoriale et le Gabon ont respectivement offert leur hospitalité pour accueillir ces pourparlers, mais l’insistance du gouvernement à opter pour le Soudan, alors que ce pays est non seulement accusé d’avoir eu et de continuer d’entretenir une responsabilité certaine dans la crise centrafricaine, mais surtout de vouloir initier une nouvelle feuille de route, parallèle à celle de l’UA, malgré les sérieuses réticences de tous les partenaires de la République centrafricaine, a fini par faire refroidir les ardeurs du Gabon et de la Guinée – Équatoriale. Par conséquent, faute de lieu, il apparait impossible et inopportun de fixer une date et in fine d’élaborer et d’adopter un budget.
Aux fins de sortir de cette impasse et d’aller rapidement vers ce dialogue tant souhaité, tant annoncé et tant voulu par tous les centrafricains et la communauté internationale comme seul remède à la crise actuelle, d’abord, le premier ministre n’a pas hésité, en réponse à des pertinentes questions à lui posées par les élus de la nation, un seul instant à appeler de tous ses vœux la tenue dans les meilleurs délais de la rencontre avec toutes les forces vives de nation, annoncée par le président de la République dans son discours à la nation, à la veille des festivités du 1er décembre. Ensuite, il n’est pas passé par quatre (4) chemins pour solliciter l’implication du président de l’assemblée nationale et de tous les députés dans la recherche des voies et solutions, indispensables à l’organisation et à la tenue de ces assises, conformément au schéma proposé par l’UA, et soutenu par l’ONU, la France, les Etats – Unis, l’UE, le G5+, la CEEAC, la CEMAC, etc.
Ainsi donc, tout comme lors de la dernière interpellation du gouvernement, au lendemain de la recrudescence des violences à Batangafo, Bambari, Berbérati, Alindao, Bangui et ailleurs, où pour occulter l’incapacité avérée et l’incompétence notoire de son gouvernement à assurer la protection des biens et des personnes et à sécuriser le pays, Sarandji avait été obligé, dans le seul but de sauver son fauteuil, après avoir tenu des propos désobligeants et discourtois à l’endroit de la communauté internationale et de la Minusca, de pousser l’assemblée nationale à adopter le document intitulé « Cri d’Alarme », le voici à nouveau, incapable de prendre des mesures pour la tenue de ce dialogue, de demander à Ngon Baba et à tous les députés de se substituer à lui et à son gouvernement, afin de faire accélérer le processus.
Et comme l’assemblée nationale est devenue une véritable caisse de résonance à la solde du premier ministre et du régime, depuis la destitution de Méckassoua, les instructions du premier ministre ont été bel et bien entendues ; car, à la grande surprise de tous les centrafricains qui suivaient le débat, Ngon Baba et tous les députés se sont donnés rendez – vous le vendredi 14 décembre 2018 pour trouver une issue à cette situation d’impasse. Et, conformément aux injonctions reçues, le président de l’assemblée nationale s’était empressé de clore le débat, alors qu’il avait promis l’ouverture d’une deuxième liste de cinq (5) intervenants. Et la messe aurait été effectivement dite si le député Mondémadé Dénis n’avait pas eu le courage de lui rappeler la décision de l’assemblée par rapport à l’ouverture de la deuxième liste d’intervenants.
Et cette messe était effectivement dite, car tous les députés au rang desquels Ziguélé, Sanzé, Singha et Autres qui avaient bien secoué le cocotier en posant de pertinentes questions sur la non – appropriation du contenu politique de cette feuille de route par les chefs d’Etat de la CEEAC, l’absence de volonté et de courage politiques de la part du gouvernement centrafricain, ses tergiversations sur les modalités de désignation du facilitateur, le lieu et la date du dialogue, et son incapacité totale à contribuer substantiellement au bouclage du budget y relatif, et qui s’étaient engagés à revenir pour tancer une nouvelle fois le premier ministre, ont in fine tout simplement préféré se taire. Sans le sentiment d’avoir réussi, au nom de leurs électeurs qui meurent tous les jours comme des mouches, à arracher de la bouche de celui dont ils sont censés contrôler les actions des réponses claires et précises à leurs interrogations.
En réalité, depuis la prise de fonctions de Ngon Baba, l’assemblée nationale n’est plus qu’une caisse de résonance et une boite à lettres. Mieux, elle s’est substituée au gouvernement.
Et fort de cela, elle se retrouvera le vendredi 14 décembre 2018, pour trouver une issue à cette impasse, en lieu et place de Simplice Matthieu Sarandji et de son gouvernement !
Jean – Paul Naïba