
Certes, des politiciens de mauvaise foi pourraient renvoyer le prélat à ses chères encycliques tout en lui demandant de ne pas s’ingérer dans les affaires politiques. Mais ils auraient tout faux.
La balle est désormais dans le camp de la classe politique
Car, le rôle social de l’Eglise, c’est aussi de défendre ses membres en danger et d’œuvrer à la sauvegarde de la Nation qui appartient à tous. Cela dit, il faut saluer le courage du clergé. Car, tenir des propos aussi forts devant des hommes politiques qui, le plus souvent, n’hésitent pas à faire feu de tout bois pour atteindre leurs objectifs, relève d’une grande responsabilité. Et plutôt que de chercher à accuser l’Eglise d’ingérence dans les affaires politiques, la classe politique gabonaise gagnerait à l’écouter. Car, on le sait, l’Eglise est vite vouée aux gémonies quand elle dérange, mais quand la Nation brûle, c’est à elle qu’on fait appel. Cette attitude n’est ni sage ni cohérente. L’Eglise catholique est d’autant plus à féliciter et à encourager que la démocratie, telle que pratiquée au Gabon, n’est qu’une démocratie en trompe-l’œil. C’est d’autant plus vrai que le prince régnant est toujours dans une logique de perpétuation de la dynastie Bongo au grand dam des Gabonais. Si la classe politique dans son ensemble, veut éviter le chaos à ce pays, elle doit prendre l’avertissement de l’Eglise catholique très au sérieux. Et Ali Bongo en particulier y a d’autant plus intérêt que le peuple gabonais que sa famille semble avoir pris en otage depuis des décennies, ne continuera plus longtemps à accepter des résultats électoraux douteux. En tout état de cause, l’Eglise catholique aura montré le chemin. La balle est désormais dans le camp de la classe politique. Saura-t-elle se montrer à la hauteur des défis en faisant son autocritique? On attend de voir. En tous les cas, personne ne devra, après cette sortie du clergé, lui en vouloir si malgré tout, le Gabon venait à s’embrasser.
Dabadi ZOUMBARA
Le Pays