
Tout le week-end dernier, des centrafricaines et des centrafricains ont suivi avec une attention toute particulière, sur les ondes de la Radio – Centrafrique, un communiqué dûment signé par M. Jacob – Désiré Ngaya, ci – devant directeur de cabinet au ministère des finances et du budget, relatif au paiement des arriérés des salaires de décembre 2013 dus aux fonctionnaires et agents de l’Etat.
Selon les termes dudit communiqué, il est explicitement et péremptoirement porté à la connaissance des intéressés et leurs ayants – droit que ces arriérés de salaires seraient effectivement payés dans la troisième (3) semaine du mois de février et qu’à cet effet il est demandé à tous ceux qui n’ont pas bénéficié du paiement de leurs arriérés de salaires de novembre, de se présenter au Trésor Public pour leur contrôle.
Une information qui non tantum a eu l’effet d’une belle mauvaise surprise pour les fonctionnaires, les retraités et les syndicats qui s’attendaient à ce que ce paiement eût lieu au même moment où l’on payait les salaires de janvier 2018, sed etiam apparait aujourd’hui comme un acte éminemment politique aux conséquences incalculables pour le président Touadéra et son gouvernement.
Un véritable coup de maître non-perceptible par les non – initiés mais lisible par les lyriques, qui est de nature à faire passer tout simplement , dans l’opinion nationale et la conscience collective, le mathématicien de Boy – Rabé pour un roublard, un sournois et un démagogue – né qui ignorerait tout de la signification du principe « pacta sunt servanda » fondant ad litteram les relations entre les Etats et auquel sont astreints in extenso tous ceux qui ont été régulièrement élus, comme le fut Touadéra, et qui sont tenus de rendre des comptes à leurs électeurs. Et in fine, à le discréditer aux yeux de la plèbe qui détient le pouvoir dont les vrais détenteurs sont les fonctionnaires, agents de l’Etat et retraités qui le délèguent par la voie des urnes et qui seront appelé en 2021 à se prononcer sur une fort possible candidature de Touadéra.
Pour ce faire, ses adversaires et autres détracteurs auraient trouvé mieux de laisser traîner ad aeternam vitam la mise en application de sa décision d’éponger ses arriérés de salaires au plus tard fin janvier 2013, dans le seul but de l’avoir. Un véritable acte de rébellion contre l’autorité du chef de l’Etat démocratiquement élu ? Un acte de négligence notoire ? Un acte manifeste d’obtempérer à l’ordre du chef hiérarchique ? Ou tout simplement l’impuissance d’un Etat à mobiliser les recettes propres en vue de faire face à ses dépenses régaliennes, comme l’ a dit le chef de mission du FMI ?
Voici ce que le président Touadéra avait dit à l’époque concernant le paiement de ces deux (2) d’arriérés de salaires, peu avant les festivités de fin d’année 2017, afin que nul n’ignore, selon Afrik.com :
« Le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra a ordonné le règlement des deux mois d’arriérés de salaires de novembre et décembre 2013, conséquence des négociations « satisfaisantes » avec le Fonds monétaire international (FMI). Vendredi, le FMI a annoncé avoir approuvé le versement d’une troisième tranche d’un prêt de 40,2 millions de dollars à la RCA, ainsi que l’augmentation de son programme d’aide à ce pays. Cette nouvelle tranche a été débloquée dans le cadre de la facilité de crédit négociée en juillet 2016, selon un communiqué du FMI.
« Je me réjouis de cette décision, car nous avons rempli toutes les conditionnalités », a déclaré le président Touadéra, dont les propos ont été rapportés dimanche par les médias nationaux. « Nous attendons dans les tous prochains jours un nouveau versement (…). Les négociations n’ont pas été simples, mais c’est l’aboutissement d’un long processus », a-t-il commenté. « Aussi, ai-je instruit le ministre des Finances de procéder au règlement des deux mois d’arriérés de salaire des fonctionnaires de novembre et décembre 2013 en les étalant sur décembre 2017 et en début d’année 2018 », a ajouté M. Touadéra.
« S’agissant des arriérés des salaires antérieurs, j’ai demandé au gouvernement d’y travailler au nom de la continuité de l’Etat afin de mobiliser les ressources conséquentes à cet effet », a-t-il promis.
Ces deux mois de salaires impayés datent du régime du président Michel Djotodia, arrivé au pouvoir par les armes en 2013 à la tête de la coalition rebelle de l’ex-Séléka, et qui avait dû quitter ses fonctions en 2014 sous la pression internationale.
Les fonctionnaires centrafricains cumulent aussi des arriérés de plus ou près de deux ans, sous les présidences d’André Kolingba (1981-1993) et Ange-Félix Patassé (1993-2003).
Les syndicats des fonctionnaires ont entrepris courant octobre et novembre derniers de mobiliser leurs militants et menacent de se mettre en grève pour obtenir le paiement de ces deux mois d’arriérés.
Des manifestations prévues par les syndicats, dont une marche pacifique, ont été interdites par le pouvoir.
Autre mesure annoncée ce weekend par le président Touadéra: « la liquidation des arriérés commerciaux, précisément les créances dues aux fournisseurs et autres prestataires de services de l’Etat dont le montant arrêté s’élève à 9 milliards FCFA (13 millions d’euros), et cela dans un délai de 3 mois », soit d’ici mars 2018 ».
No comment !
La rédaction