Centrafrique : Dondra alias Gbongon accusé de détournements massifs de fonds publics

 

Depuis quelques jours, le premier ministre centrafricain Henri Marie Dondra, alias Gbongon, naguère ministre des finances et du budget, fait l’objet de graves accusations sur les réseaux sociaux.

Le liveur Rodrigue Joseph Prudence Mayté, l’un des membres de la Coalition dénommée « Les 12 Apôtres » qui milite activement et courageusement pour la tenue d’un dialogue politique inclusif et qui dénonce régulièrement, non par des armes mais plutôt avec des mots et la plume, les sérieuses insuffisances du pouvoir de Bangui, sa politique d’exclusion, sa mal-gouvernance, ses tueries de masse et les accointances avérées des plus hautes autorités de la République avec les mercenaires du Groupe Wagner et rwandais, lui reproche d’avoir détourné plusieurs milliards de Fcfa. Il l’a fait quand il assumait les nobles fonctions d’ordonnateur principal du budget de l’Etat d’avril 2016 à juin 2021, et continue de le faire actuellement en tant que chef du gouvernement.

Mais, aussi révoltant, coupable et invraisemblable que cela puisse paraître, au lieu de convoquer une conférence de presse et donner sa version des faits au grand public et au peuple centrafricain, détenteur de la souveraineté, l’homme s’enferme dans une forteresse de silence. Qui tacet consentire videtur, n’est – ce pas ? « Qui se tait semble consentir », comme l’avait dit le pape Boniface VIII (1235 – 1303). Qui consent aussi ne dit mot. Et pourtant, il y a de quoi à ce qu’il prenne la parole. Pour répondre à ces attaques d’une extrême gravité et d’une extraordinaire sensibilité, participer aux débats citoyens, laver l’affront subi et rassurer l’opinion nationale et internationale.

En effet, désigné pour remplacer l’ancien premier ministre Firmin Ngrébada, jugé trop proche des mercenaires du Groupe Wagner, il a pour missions de reprendre langue avec la France suite à la suspension de ses appuis budgétaires et sa coopération militaire, arrêter les campagnes de désinformation menées ces derniers temps contre ce pays et ses intérêts, l’Onu, la Minusca et son personnel en Centrafrique, engager de réformes structurelles dans le domaine des finances publiques en vue de poursuivre des discussions avec l’Ue, le FMI et la BM pour l’obtention de nouveaux financements, faire toute la lumière sur les allégations de graves violations des droits de l’homme perpétrées par les Faca et leurs supplétifs russes et rwandais et organiser un dialogue politique inclusif avec toutes les forces vives de la nation, y compris les groupes armés membres de la CPC. L’exécution de ces nobles tâches exige une vision, un courage politique, un sens élevé du devoir national et le respect scrupuleux des valeurs qui fondent toute société démocratique et qui ont pour noms liberté, justice, état de droit, droits de l’homme, bonne gouvernance, transparence, moralisation de la vie publique, lutte contre la corruption, etc.

Mais, en dépit de l’urgence devant laquelle il se trouve, l’homme balbutie et peine à évacuer tous ces dossiers hautement prioritaires. A l’exception de la mise en place de son gouvernement pléthorique et budgétivore et de la nomination des membres de son cabinet afin de remercier tous ses soutiens, Dondra alias Gbongon n’arrive pas à convaincre ses compatriotes de ses capacités à gouverner, marquer son territoire et à s’affirmer comme l’homme de la situation, tout naturellement en homme d’Etat. Pis, son nom résonne et siffle dorénavant dans l’opinion comme l’incarnation du vol, de la tricherie et du tripatouillage en bandes organisées. C’est l’image que le peuple retient de l’homme, celle d’un Grand Voleur à la tête d’un gouvernement de la République.

En effet, selon les révélations faites par le compatriote Rodrigue Joseph Prudence Mayté dans ses derniers lives, l’ancien ministre des finances et du budget a mis en place des mécanismes opaques d’extractions frauduleuses des fonds publics qui lui ont permis aujourd’hui d’être l’homme le plus fortuné du pays le plus pauvre de la planète. Des pratiques honteuses de monnayage de paiements des titres réguliers de dépenses contre versements en liquides de 50% de rétrocommissions aux surfacturations des frais de consultations dus aux consultants internationaux en passant par l’octroi des marchés d’Etat à des entreprises – écrans à l’affaire Antaser et JLS dont le montant du manque à gagner pour l’Etat serait estimé à des milliards, l’homme a réussi, usant de ses pouvoirs d’ordonnateur principal du budget général de l’Etat, par personnes interposées dont les membres de son cabinet et ses propres collaborateurs, a troué visiblement les caisses du Trésor public centrafricain.

Au point où il possèderait plus d’une vingtaine de villas d’une insolente luxure à Bangui intra muros et à l’étranger, entretiendrait plusieurs foyers avec femmes et enfants et aurait doté tout dernièrement l’une de ses maîtresses, un membre du gouvernement, à hauteur de 30 millions de Fcfa. Est aussi épinglée sa fondation dénommée HMD pour laquelle il a fait importer beaucoup de marchandises pendant plusieurs années sans s’acquitter une seule fois des droits et taxes fiscalo – douaniers. Dans ce registre figure en outre le mal qu’il a fait subir aux recettes douanières par l’usage trop personnel de la notion de « main levée ». Sans parti pris, nous sommes là en face des faits d’une extrême gravité qui s’appellent « Crimes Economiques » auxquels doivent immédiatement s’intéresser l’IGF, l’IGE, la HABG et la Cour des Comptes. Et in fine, la Haute Cour de Justice !

Au nom de la reddition des comptes qui est un droit fondamentalement citoyen et une exigence des temps modernes et de toute société démocratique que se veut la République centrafricaine, ces pratiques irrégulières ont été courageusement dénoncées et portées sur la place publique par le compatriote Mayté. Depuis lors ces révélations sont devenues virales sur les réseaux sociaux et nuisent dangereusement à l’image, l’honneur et à la dignité du mis en cause. En outre, elles constituent une mauvaise publicité pour les plus hautes autorités de la République et de notre pays dans le concert des nations ; car plus qu’une exigence démocratique, on peut même considérer que la reddition des comptes est devenue un impératif économique tant les richesses nationales sont fragilisées par les phénomènes de la corruption et de la fraude. C’est pour avoir pris la pleine mesure du danger de ces phénomènes que la communauté internationale a décidé d’assujettir l’octroi des aides financières internationales à des pays pauvres au respect scrupuleux des valeurs de la bonne gouvernance et de la transparence.

Si face à ce qui doit être considéré comme un problème de regard citoyen qui soumet le gouvernement à un exercice régulier et permanent de reddition des comptes, certains proches du premier ministre parlent d’attaques, calomnies, diffamations bruyantes, de procès d’intention et dénigrements auxquels ils répondent par le silence, le silence de l’écoute, de l’observation et de la bonne conscience, sans aucune once de mépris à l’égard de leurs auteurs bien visibles et identifiables malgré leurs efforts surhumains de camouflage derrière le vocable suspect de « société civile » de Centrafrique en France ou de France en Centrafrique ou d’organes de presse savamment instrumentalisés et peu soucieux des principes de déontologie élémentaire de leur profession, l’intéressé, quant à lui, préfère personnaliser et politiser le débat. C’est ainsi qu’il nous a été rapporté qu’il aurait payé certains liveurs pour s’en prendre physiquement à l’auteur de ces dénonciations et à certains hommes politiques membres du MCU, entre autres Firmin Ngrébada et Sani Yalo qui l’auraient financé à cette fin. Voilà encore une mauvaise publicité !

Loin de polémiquer à ce sujet, même si l’on admet tout volontiers que parfois le silence est l’armure du succès des gens humbles, Dondra gagnerait mieux en crédibilité, honorabilité et en dignité, en acceptant d’en débattre courageusement avec la presse et en décidant de se mettre à la disposition de la justice pour nécessité impérieuse d’enquête, comme le ministre Cahuzac l’avait fait. Cet exercice contribuerait à soigner dans l’opinion son image, son nom, celui que son père, ce grand commis de l’Etat lui a donné et celui que portent ses frères, sœurs et ses enfants, lequel nom est aujourd’hui malmené, déshonoré et humilié par des moqueries publiques. Cela est d’autant plus vrai que dans notre vie de simple citoyen ou de responsable, nous avons très vite compris que pour réussir, nous avions autant besoin de nos amis et sympathisants que de nos détracteurs: les premiers nous soutiennent et nous aident à avancer ; les seconds nous maintiennent sur le qui-vive et nous poussent ainsi à progresser en nous remettant fondamentalement en cause.

La rédaction

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