Foire de Bozoum 2020 : Quand l’évêque de Bouar renvoie Touadéra et ses ministrons à l’histoire du Jardin d’Eden et à la fable de Jean de La Fontaine « Le Laboureur et ses Enfants »

Discours de l’Evêque de Bouar, MGR Mirek Gucwa, à la FOIRE DE BOZOUM 2020

Messieurs les Ministres: de l’agriculture, de l’action humanitaire, de la promotion de la femme.
Honorable députés
Monsieur le Préfet, Monsieur le Maire et les représentant des autorités locales
Révérend P. Aurelio, Abbé Alain, SN de la Caritas avec son équipe
Distingués invités
Chers cultivateurs …

Au début de chaque année deux foires agricoles ont lieu dans notre diocèse de Bouar : le premier à Bozoum, ce que vous voyez aujourd’hui et le second à Bouar qui se tiendra entre le 6 et le 9 février prochain. Ces deux événements exceptionnels dans notre région et aussi dans notre pays regroupent les agriculteurs, les éleveurs, les jardiniers, les pisciculteurs et autres ouvriers qui avec leurs mains armées des outils simples comme houe, faucille, machette, râteaux, pelle cultivent la terre et la rendent fertile conformément à la volonté de Dieu qui a créé l’homme et l’a mis dans le jardin Eden pour qu’il le travaille et le garde en se soumettant à la terre et en dominant les animaux.

La domination de l’homme sur les autres êtres vivants ne doit cependant pas être despotique et insensée ; au contraire, il doit « cultiver et garder les bien créés par Dieu : bien que l’homme n’a pas créé, mais reçu comme un don précieux placé par le Créateur sous sa responsabilité (DSEC n°255). Travailler la terre dans le langage biblique signifie ne pas l’abandonner à elle-même ; exercer une domination sur elle, cela veut dire en prendre soin (comme le font les agriculteurs et les autres travailleurs) et non l’exploiter à l’outrance à cause de minéraux qui s’y trouvent.

Les conditions de travail des cultivateurs sont très difficiles dans notre région et ce qui rend ce travail encore plus pénible, c’est l’état de routes très dégradées dans certaines parties de la préfecture OP et NM. Je suis en Centrafrique depuis 28 ans et je vois que la situation ne s’améliore pas, elle se détériore à cause de conflits militaires passés et actuels. Je me rappelle bien les champs énormes de cotons, d’haricots, des arachides cultivés dans la région de Bozoum, Bocaranga, Ndim, Ngaoundaye, et les chariots tirés par les bœufs, la terre travaillée avec les animaux. Les routes, c’était le plaisir de voyager de Bouar à Ngaoundaye (230 km) et la faire en 3 heures. Aujourd’hui, pendant la saison sèche, il nous faut minimum 7h. La destruction de l’usine à Ndim en 2003 et les vols massifs de bœufs par les rebelles ont fait que les gens ont perdu le goût de travail. Les routes vers Ndim et Ngaoundaye depuis ce temps ne sont plus réparées.

En plus de ça, ces dernières années la période de transhumance mal gérée signifie pour beaucoup des agriculteurs la destruction de champs; pour les éleveurs le vol d’une partie de leurs bétails et pour tous, ce qui est le plus grave : la perte de vies humaines. Nous espérons de ne pas vivre le même scénario durant cette nouvelle année.
L’inondation de l’année dernière n’a pas épargné les cultivateurs de riz dans la région de Bozoum. Ils ont perdu plus de 17 hectares de terre cultivée.

Les gens ont besoin de vivre donc ils travaillent. Pour travailler davantage ils ont besoin d’une motivation. La foire initiée il y a 16 ans donne cette motivation. Et nous remercions père Aurelio, la Caritas diocésaine, le partenaire « Amicizia Missionaria» dont la contribution a rendu possible l’organisation de cet événement. Sans le travail quotidien de vous tous, chers frères et sœurs travailleurs de terre, sans votre détermination, la foire ne pourrait pas avoir lieu. Et ce serait triste. Mais vous êtes là, nous tous nous nous réjouissons ; nous nous réjouissons de la présence des membres du gouvernement : Messieurs les ministres de l’agriculture, de l’action humanitaire et de la promotion de la femme ; nous nous réjouissons de la présence des membres du parlement centrafricain : honorables députés de la région et de la présence des autorités locales. Nous espérons que votre présence parmi nous aujourd’hui pourra contribuer dans l’avenir proche à l’amélioration de conditions de vie et de travail dans nos deux préfectures voisines : OP et NM. Je vous remercie.

La rédaction

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